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Ma première chef de chœur Mary-Jane Puiu (née le 8 mars 1950) est décédée le 16 mai 2023 à l’âge de 73 ans. Selon le ténor Eduardo Aparicio, “malgré une longue maladie dévastatrice, elle a héroïquement réussi à continuer à diriger son chœur jusqu’à la dernière minute de sa vie”.
Nous rendons hommage à Puiu en republiant un profil/entretien que j’ai réalisé avec elle dans La Scena Musicale en 2010, à l’occasion de son 60e anniversaire.
Selon la page Facebook de la Société chorale de McGill, voici les détails du service qui aura lieu le 12 juin 2023 :
Un service religieux orthodoxe, pour les proches, aura lieu le 12 juin à 10 :00 heures, à l’église Orthodoxe Saint Georges- 575 Rue Jean-Talon E, Montréal.Un hommage lui sera rendu à l’église Saint Enfant Jésus à 12 :30 – 5039 Saint Dominique St., Montréal.L’enterrement aura lieu au cimetière Mont Royal à 14 :30 – 1297 chemin de la Forêt, Outremont.
Partagez vos souvenirs de Mary-Jane Puiu dans les commentaires ou par courriel à [email protected].
Vidéo: https://www.facebook.com/543871101/videos/g.2246889832/1398240654299374
Mary Jane Puiu : Une grande voix pour le chant choral
par Wah Keung Chan / 1 novembre 2010
Cela prend quelqu’un de bien spécial pour réunir 220 choristes amateurs, dont beaucoup n’avaient encore jamais chanté ou appris à lire la musique, et pour les façonner, au bout de dix petites semaines, en un chœur enthousiaste qui présente deux concerts de qualité chaque année. Ce miracle est le fait de la chef roumano-canadienne Mary Jane Puiu, qui dirige depuis 30 ans la Société chorale de McGill (MCS), un chœur formé d’étudiants recrutés sans audition. Douée d’une voix impérieuse et d’un charme fou, elle suscite une affection indéniable.
Les 220 personnes présentes à la répétition ne savent probablement pas que la voix parlée et chantée de Mme Puiu est totalement hors-norme. « La musique m’habite depuis l’âge de cinq ans, lorsque j’ai commencé à chanter dans la chorale de l’église avec ma mère, a déclaré la chef de 60 ans, qui s’est mise à l’accordéon dès son plus jeune âge. Mon père était violoniste, poursuit-elle, et nous jouions ensemble, mais chaque fois que je faisais une erreur, il me frappait avec son archet, ce qui m’a fait détester la musique. » Alors qu’elle était élève de 9e année à l’école secondaire Rosemount High, Mme Puiu a été encouragée par son enseignante, Helen Hall, à étudier la musique et même à diriger un chœur de jeunes filles sous sa supervision. C’est alors qu’elle a découvert qu’elle avait de la voix et, qui plus est, une voix unique entre toutes, un contralto. À 15 ans, elle s’est fait dire par un éminent professeur d’art vocal de McGill, Bernard Diamant, qu’elle serait la prochaine Maureen Forrester, et c’est donc à 16 ans qu’elle a été acceptée en classe de chant à cette même université.
Par ailleurs, elle s’est mise à diriger le chœur de l’Église orthodoxe libanaise, poste qu’elle occupe toujours. Mais après une année en musique à McGill, elle a laissé tomber ses études. « Je ne voulais pas d’une carrière de cantatrice ou de soliste, dit-elle. Cette année-là, j’ai travaillé en cachette de mes parents. » Sa personnalité extravertie l’a alors bien servie dans les relations publiques et la vente d’espaces publicitaires. À 24 ans, alors qu’un de ses amis avait gagé 100 $ qu’elle ne reprendrait jamais ses études, Mme Puiu est retournée à McGill pour obtenir un diplôme en éducation musicale. Dès le premier jour, elle a fait la connaissance de Wayne Riddell, le chef de chœur le plus connu du Canada et fondateur des célèbres Tudor Singers, qui était son enseignant pour deux cours. «�Riddell s’est exclamé : “À qui appartient cette voix ?”�», se remémore-t-elle en riant. En plus de devenir son mentor, il l’a embauchée pour chanter dans ses chorales. Avant même d’avoir fini ses études, elle est devenue choriste professionnelle (rémunérée) à l’église St. Andrew et St. Paul et à l’Orchestre symphonique de Montréal, ainsi que surnuméraire pour les Tudor Singers et à la CBC.
Du coup, Puiu recommençait à faire de la musique, et elle adorait ça. Une fois ses études terminées, elle a travaillé cinq ans à l’Hôpital Douglas, une expérience « pénible ». Elle a ensuite rejoint Iwan Edwards à l’école FACE en tant que spécialiste de la musique chorale, poste qu’elle a occupé pendant 21 ans. Il y a quelque chose dans la musique chorale qui fait vibrer Puiu. La direction de chœur est le domaine où se déploient tous ses talents. « Ce que j’aime le plus, ce qui me passionne, c’est de travailler avec des gens, avec des chœurs », explique-t-elle. Chaque répétition est une représentation. « Quand je donne un concert, je ne prête pas vraiment attention aux applaudissements », ajoute-t-elle.
Le moment décisif est venu en 1980, quand Suzanne Byrnes, alors présidente de l’Association de musique de McGill, lui a demandé de relancer la Société chorale de McGill. Ce club d’étudiants avait connu ses heures de gloire durant les années 1950 et 1960, lorsqu’il était dirigé par un professeur de McGill nommé Gifford Mitchell, mais il avait cessé ses activités peu après son départ à la retraite en 1969. Mary Jane Puiu, qui entamait sa maîtrise à ce moment-là, a décidé de relever le défi, mais avec l’aide d’une amie, la chef de chœur Marilyn Brain. Une année plus tard, Mme Puiu dirigeait seule le chœur. Au début, celui-ci comprenait 34 membres, mais d’autres sont bientôt venus s’y adjoindre, en partie à cause de la publicité, mais surtout grâce à la renommée de sa directrice.
Une répétition avec Mme Puiu est à la fois une entreprise de séduction, une partie de plaisir, une occasion d’apprendre et, surtout, une expérience musicale. « Mes élèves de l’école FACE disaient que j’étais sévère et que je criais, mais on faisait de la belle musique ensemble�», raconte-t-elle. C’est parce qu’elle est capable de réaliser le plein potentiel de tous ceux qui aiment chanter que les membres du chœur (comprenant des employés de McGill et des personnes d’autres horizons) lui sont fidèles. «�Je leur dis que chanter une phrase musicale, c’est comme faire l’amour�», ajoute-t-elle. Certains des anciens membres de la MCS, comme le ténor Michiel Schrey, ont poursuivi une carrière fructueuse dans l’opéra ou la diffusion musicale.
Au moment où j’ai rejoint le chœur, en septembre 1985, il comptait déjà 70 membres, mais il continuait de chanter dans des lieux aussi exigus que la People’s Church, une église de 280 places sur la rue Sherbrooke. En un an, les choses ont changé, car la chef a commencé à inclure une grande œuvre du répertoire classique dans la première moitié de chaque concert. Au cours de mes six années dans le chœur, nous avons chanté le Messie de Haendel, le Requiem de Mozart, la Messe en ut de Schubert, le Gloria de Vivaldi, le Gloria de Rutter et la Messe Nelson de Haydn. La deuxième partie de chaque concert était consacrée à des extraits de comédies musicales de Broadway.
« Je me suis dit qu’il était important pour les étudiants de s’initier à la musique classique, mais que la musique populaire serait également bien appréciée de leurs parents et amis, qui souvent ne comprennent pas la musique classique », explique Mary Jane Puiu. Bien que peu orthodoxe, cette formule s’est révélée gagnante : les salles, de plus en plus grandes, étaient toujours pleines. Au moment où je l’ai quitté, le chœur comptait déjà 180 membres. De nos jours, le concert de Noël, donné fin novembre, comprend toujours une grande œuvre classique, suivie de chants de circonstance qui sont repris par toute l’assemblée. Quant au concert du printemps, il présente en deuxième partie des œuvres provenant des scènes de Broadway.
Il y a sept ans, Mme Puiu a reçu un diagnostic de lymphœdème, maladie débilitante incurable qui la faisait souffrir depuis plus de 15 ans. Pour une personne aussi active et sociable, cesser de travailler signifiait se sentir coupée de tout. Elle a dû quitter la chorale jeunesse Cantare (qui n’a pas survécu à son départ) et ne se laisser que quelques heures pour la MCS et la chorale de son église. « La musique est toute ma vie, dit-elle. La douleur m’habite jour et nuit, mais pendant deux heures par semaine, le mercredi soir, elle me laisse en paix. »
Pourtant, elle ne regrette rien. « J’ai réalisé à un jeune âge que j’avais suffisamment de talent pour devenir une autre Maureen Forrester, mais ce n’est pas que je voulais. Le don que j’avais à offrir, c’était de faire de la musique avec les gens et de leur transmettre mon amour de la musique. » Il lui reste cinq ans pour faire bénéficier les gens de ce don avant son départ à la retraite.
[Traduction : Anne Stevens]
» Concert d’automne de la Société chorale de McGill, le 21 novembre, Messe en ré de Dvořák. Direction : Mary Jane Puiu. www.mcgillchoral.ca
» À son concert de printemps 2011, la MCS présentera le Requiem de Brahms. Les anciens membres sont invités à y participer.
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