Programmes d’entrepreneuriat musical aux États-Unis

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« En choisissant une école de musique, les étudiants devraient poser la question “que ferez-vous pour m’aider à devenir un professionnel accompli ?” » déclare David Cutler, auteur du livre The Savvy Musician et professeur d’entrepreneuriat musical à l’Université de la Caroline du Sud. En l’absence d’une réponse qui confirme les valeurs entrepreneuriales de l’école, « trouvez-vous un autre programme », ajoute-t-il.

Construire une carrière viable et florissante en musique classique est un défi de taille. Des recherches menées en Allemagne, en Australie, au Royaume-Uni et au Danemark montrent que la plupart des musiciens exercent un second métier. Dans ce milieu, de nombreux musiciens ont des carrières dites mosaïques : ils cumulent plusieurs sources de revenus par le biais de divers emplois nécessitant des compétences entrepreneuriales variées.

David Cutler

« Les établissements traditionnels forment d’excellents interprètes, compositeurs et éducateurs », mais négligent les compétences en développement de carrière, entrepreneuriat, résolution de problèmes ou engagement communautaire, explique Cutler. « Beaucoup de jeunes musiciens aspirent non seulement à l’excellence musicale, mais aussi à une carrière viable. On doit combler ce fossé et leur fournir une formation plus complexe. »

Heureusement, une évolution considérable s’est opérée durant les quinze dernières années et les programmes de musique sont plus aboutis en termes de gestion et d’entrepreneuriat, selon Cutler. Afin d’aider les étudiants en musique à trouver des programmes aux premier et deuxième cycles, nous avons sélectionné six écoles américaines qui offrent des cursus combinant la musique, les études en gestion et l’entrepreneuriat.

Située à Columbia, l’École de musique de l’Université de la Caroline du Sud (USC) propose la première mineure en entrepreneuriat musical au pays. Le programme adopte une approche flexible à l’entrepreneuriat en développant la créativité, la proactivité, l’innovation et la prise de décision éclairée.

Les cours de base, tels l’entrepreneuriat en musique/arts, la musique et l’argent, et un projet de fin d’études, sont complétés par plusieurs cours optionnels, explique Cutler, directeur de l’entrepreneuriat musical à l’USC. Certains se penchent sur des sujets tels qu’exercer le métier d’interprète, de professeur à l’université ou d’éducateur indépendant au 21e siècle, tandis que d’autres abordent des sujets comme l’économie, la gestion, le marketing, les principes du monde des affaires et le droit dans l’industrie du spectacle.

« Nous façonnons une culture entrepreneuriale à l’École de musique. En mettant l’accent sur l’innovation, les enjeux de carrière et l’impact communautaire, ces leçons passent aussi bien à travers les cours individuels ou les ensembles que les cours magistraux », explique-t-il.

Un autre établissement public, le College of Music de l’Université du Colorado à Boulder, abrite le Centre d’entrepreneuriat musical (ECM), qui offre une formation fondamentale en affaires aux premier et deuxième cycles. Dirigé par le professeur Jeffrey Nytch, auteur de The Entrepreneurial Muse, l’ECM est le premier centre d’entrepreneuriat artistique aux États-Unis.

Jeffrey Nytch

« L’objectif du certificat en entrepreneuriat est de fournir des outils aux étudiants de premier cycle qui leur serviraient n’importe où, explique Nytch. Le certificat d’études supérieures en administration des arts est plus ciblé. Il est conçu pour les étudiants qui souhaitent gérer des organisations artistiques à but non lucratif, que ce soit dans le cadre d’une carrière mosaïque ou de leur carrière principale. »

Les étudiants de premier cycle peuvent obtenir un certificat en entrepreneuriat musical qui comprend une mineure en affaires à la Leeds School of Business et des cours tels que Building Your Music Career (obligatoire pour les étudiants en interprétation) ou The Entrepreneurial Artist, aboutissant à un projet final.

« Mon approche à l’enseignement de l’entrepreneuriat est basée sur le fait que le monde change rapidement, particulièrement dans l’industrie musicale, dit Nytch. L’entrepreneuriat fournit des compétences fondamentales : observer le monde, identifier les opportunités et les développer. Ce sont des compétences universelles qui ne sont pas affectées par les changements sociaux. »

L’ECM propose également des stages professionnels, des résidences pour artistes invités, des ateliers et diverses formes de mentorat. Les stages permettent aux étudiants d’acquérir une expérience pratique, que ce soit avec le Boulder Philharmonic, le Colorado Symphony ou lors de festivals d’été comme Aspen et le National Repertory Orchestra.

« Denver est une ville en pleine croissance dans l’industrie de l’enregistrement et la musique populaire aux États-Unis, compte tenu de son héritage folk et bluegrass », affirme Nytch. Les stages de l’ECM offrent la possibilité d’appliquer les connaissances théoriques en situations réelles.

L’Institute for Music Leadership (IML) propose des occasions de développement professionnel à l’École de musique Eastman de l’Université de Rochester. Son volet éducatif octroie des diplômes et des certificats, tandis que son volet de développement professionnel accorde du financement, fournit des conseils et organise des conférences ouvertes aux étudiants, aux jeunes professionnels et aux membres du corps enseignant.

En parallèle aux diplômes de premier et deuxième cycles, le Certificate in Achievement in Arts Leadership comprend des cours complémentaires au domaine d’études principal des étudiants, des stages rémunérés et des séances de mentorat individuel. Le programme de l’IML inclut une mineure en leadership musical ouvert aux doctorants et une maîtrise en ligne en leadership musical pouvant être combinée avec un M.Mus. ou un MBA. La maîtrise en leadership musical repose sur trois piliers : les bases de l’administration des arts, le développement musical et le développement du leadership.

Les étudiants apprennent les bases du marketing, des finances et de l’administration; ils travaillent leur instrument, font de la musique de chambre et du chant choral, entre autres opportunités de prestation; et ils développent une pratique réflexive en analysant le leadership et les études de cas et en apprenant à évaluer les facteurs de prise de décision dans le milieu des affaires.

Rachel Roberts, directrice de l’IML, souligne l’apprentissage pratique offert aux étudiants à travers des cours donnés en partenariat avec des leaders dans l’industrie. Les étudiants travaillent avec un PDG en tant que quasi-consultants, « tout en développant leurs compétences en communication et en travail d’équipe, essentielles dans le monde professionnel de la musique », dit-elle.

La dernière partie du diplôme est un projet de fin d’études qui consiste soit en un stage au sein d’une organisation où les étudiants passent jusqu’à 200 heures sur un projet (en ligne ou en personne), soit en un projet de recherche dans un domaine d’intérêt donné.

Le Berklee College of Music aborde l’entrepreneuriat comme la résolution créative de problèmes – compétence permettant une viabilité aux étudiants inscrits dans un programme universitaire tout au long d’une carrière de 40, 50, voire 60 ans, explique Christopher Wares, directeur adjoint du département de musique/gestion. En tant que musicien souhaitant enregistrer, partir en tournée ou établir des partenariats professionnels, « vous devez vous considérer comme une entreprise possédant un état d’esprit entrepreneurial », ajoute-t-il.

Christopher Wares

Au premier cycle, Berklee propose un diplôme en gestion des affaires, un diplôme en leadership et innovation dans l’industrie, ainsi que deux mineures en gestion de la musique en direct et en entrepreneuriat créatif.

Les étudiants en maîtrise peuvent s’inscrire à un MBA en ligne en gestion musicale (offert conjointement avec la Southern New Hampshire University), à une M.A. en gestion musicale ou une M.A. en divertissement et gestion sur le campus de Valence (Espagne).

La direction de Berklee défend ardemment l’apprentissage pratique et le réseautage dans l’industrie, explique Wares. « Chaque année, Berklee amène un groupe d’étudiants dans les métropoles musicales des États-Unis à la rencontre de l’industrie. Nous visitons des agences d’artistes, des maisons de disques et des éditeurs. Les étudiants apprennent de leurs contacts avec ces entreprises. »

Berklee est reconnu pour un programme de formation couvrant plusieurs genres : classique, jazz, rock, hip-hop, samba, reggae, heavy metal ou country. « Nous sommes un écosystème unique parmi les écoles à travers le monde », ajoute Wares. « Cela crée un environnement interactif où les étudiants en affaires collaborent avec les étudiants en arts de la scène, où les auteurs-compositeurs travaillent avec les étudiants en production musicale et en ingénierie du son. Il y a beaucoup de créativité et d’innovation. »

Richard Maloney

Plus au sud, la Steinhardt School of Culture, Education, and Human Development de l’Université de New York propose des diplômes en gestion musicale, en administration des arts de la scène et en administration des arts visuels.

Ces trois programmes fonctionnent au sein de la Steinhardt School, de la Stern School of Business et de la Wagner School of Public Policy – un partenariat unique aux États-Unis, explique Richard Maloney, professeur associé et directeur du programme d’administration des arts de la scène.

Chaque programme a son propre cursus, mais partage des cours de base en gestion, permettant aux étudiants d’interagir entre eux. « La collaboration entre ces trois écoles présente des expériences et des occasions de réseautage incomparables, explique Maloney. NYU propose de nombreux cours, d’occasions d’enrichissement et de programmes d’études à l’étranger qu’aucune autre école ne possède. Je pense que ce sont quelques-uns des traits distinctifs de notre approche à l’éducation. »

Le programme de gestion musicale est proposé via un B.Mus., un B.Sc. et une maîtrise en arts. L’administration des arts de la scène (AAS) est donnée à travers deux programmes différents : une M.A. et un programme combiné B.F.A. et M.A. en partenariat avec la Tisch School of the Arts. Les étudiants s’intéressant à la musique commerciale s’orientent vers le programme de gestion musicale, tandis que le programme d’AAS attire ceux qui s’intéressent aux beaux-arts traditionnels, qui travaillent dans des OBNL et qui souhaitent partager leur amour de l’art et de la musique avec la communauté, explique Maloney.

NYU dispose d’un laboratoire de production où les étudiants suivent des cours d’entrepreneuriat, participent à des compétitions entrepreneuriales ou aux compétitions à l’école de gestion. En outre, NYU propose des cours spéciaux en musique, théâtre ou gestion offerts dans ses 14 campus internationaux, dont Berlin, Dublin, Londres, Paris, Rio de Janeiro et Shanghai.

Enfin, la Frost School of Music de l’Université de Miami propose les programmes Modern Artist Development and Entrepreneurship (M.A.D.E.) et Music Industry (MIND). Les diplômes de premier cycle comprennent un B.Mus. en M.A.D.E. et un B.Mus. en MIND, ainsi qu’une mineure en industrie musicale. Aux études supérieures, il existe deux M.A., l’une en gestion de l’industrie du divertissement et l’autre en industrie musicale. Les deux peuvent être combinées avec un diplôme en droit dans un programme conjoint.

De plus, la Frost School of Music propose une sélection de neuf certificats de maîtrise en ligne. « Nous préparons les étudiants à une carrière musicale flexible, car tout change en un clin d’œil », explique le professeur Dan Strange, directeur du programme M.A.D.E. « Les nouvelles opportunités dans le secteur de la musique peuvent dépasser les rôles habituels de musicien, artiste, producteur de disques, directeur ou éducateur. Puisque notre faculté est composée de professionnels dans l’industrie, nous sommes capables d’évaluer l’évolution du milieu à Miami, à travers le pays et à l’échelle mondiale » dit-il.

Daniel Clifford Strange

Les étudiants de la Frost School sont encouragés à tisser des liens avec l’industrie dès le début de leur formation. Beaucoup se retrouvent à New York, Los Angeles, Nashville et Chicago.

Ceux qui s’intéressent au marché latino-américain restent à Miami, idéal pour ce milieu. M.A.D.E. est un diplôme pour les artistes orientés vers les affaires. « Pour les plus grands artistes, il n’est pas question de genre musical – mais de marque de commerce », dit Strange.

« Les candidats qui poursuivent le programme M.A.D.E. se passionnent pour l’interprétation, la composition ou l’enregistrement, mais ils réfléchissent aussi à long terme sur la façon dont ils vont gérer leur propre carrière en tant qu’artistes indépendants. Nos étudiants comprennent le fonctionnement des affaires tout en développant leurs compétences musicales. Si nous avons bien fait notre boulot, nous les avons préparés à s’assumer pleinement dans n’importe quelle situation. »

À mesure que les programmes en gestion de la musique se répandent dans les universités nord-américaines, ils contribueront à étayer les compétences musicales et entrepreneuriales.

David Cutler est l’auteur de The Savvy Musician: www.savvymusician.com. Jeffrey Nytch est l’auteur de The Entrepreneurial Muse: www.jeffreynytch.com.

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