L’Ensemble Obiora : Retracer le paysage orchestral canadien

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En 2021, alors que le monde se réveille doucement d’une pandémie assommante, Allison Migeon et Brandyn Lewis passent à l’action. Ils forment le premier ensemble canadien de musique classique composée majoritairement de musiciens et musiciennes professionnels issus de la diversité culturelle, traçant une nouvelle voie dans le paysage orchestral national.

« Avec tous les événements qui se sont passés, notamment la mort de George Floyd, nous nous sommes posé des questions par rapport à la diversité, l’équité et l’inclusion et à notre rôle en tant que travailleurs culturels », explique Migeon. Travaillant comme coordonnatrice culturelle en France, Migeon souhaitait déjà apporter du nouveau dans le milieu de la musique classique.

Récompensé par le prix Opus Montréal « Inclusion et Diversité » et le prix CBC Black Changemakers en 2023, l’Ensemble Obiora propose une vision du concert classique orientée vers la représentation d’œuvres de compositeurs et de compositrices provenant de différents milieux culturels. Le mot « obiora » signifie cœur ou désir du peuple dans la langue igbo du Nigéria, un clin d’œil aux origines ancestrales des deux cofondateurs.

Paradoxalement, la présence du contrebassiste Lewis sur différentes plateformes en ligne durant l’isolement engendré par la covid-19 leur a permis de constater l’existence de nombreux musiciens issus de la diversité éparpillés un peu partout au Canada. « Personne ne se connaissait et cette constatation a nourri notre envie de nous regrouper et de mettre de l’avant nos talents », explique Migeon.

Lors de son premier concert, l’Ensemble Obiora a présenté des œuvres de compositeurs afrodescendants comme Jeff Scott, Joseph Bologne et Samuel Coleridge-Taylor ainsi
que la Sérénade pour cordes op. 48 de Tchaïkovski. « Nous voulions montrer que notre orchestre est capable de jouer des œuvres du canon traditionnel, même si notre mission met l’accent sur la diversité culturelle. On se bat aussi contre le préjugé qu’un orchestre issu de la diversité culturelle est composé d’amateurs, ce qui n’est pas le cas », ajoute Migeon.

Cette saison, Migeon et Lewis ont privilégié de petites formations pouvant s’intégrer plus facilement à des activités éducatives, comme des concerts de médiation pour le jeune public ou les familles. « En février, notre quatuor à cordes participera à un événement organisé par le Réseau québécois pour la diversité, l’inclusion et l’équité, dit Migeon. Nous essayons d’être intégrés dans la communauté – c’est aussi la base de notre ensemble. »

« Il y a beaucoup de gens qui adorent la musique classique parmi notre public, mais qui n’ont jamais vu de concert de musique classique avant d’être venus à nos concerts. Nous tâchons d’amener la musique à eux. » Le prochain concert de l’Ensemble Obiora, Sororité, est un hommage à trois compositrices et aura lieu le 2 mars 2025 à la salle Pierre-Mercure du Centre Pierre-Péladeau.

www.ensembleobiora.com

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A propos de l'auteur

Viktor Lazarov is an interdisciplinary musicologist and pianist specializing in performance practice analysis and contemporary repertoire by Balkan composers. Laureate of the Opus Prize for the “Article of the Year” awarded by the Conseil québécois de la musique in 2021, Viktor has performed and lectured in Austria, Canada, France, the Netherlands, Serbia, Spain, the United States, and published in CIRCUIT and La Revue musicale de l’OICRM. Viktor holds a Ph.D. in Musicology from the University of Montreal, an M.Mus. and a Graduate Diploma in Performance from McGill University, a B.Mus. from the University of South Carolina, and Graduate Certificate in Business Administration from Concordia University. (Photo: Laurence Grandbois-Bernard)

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