Isata Kanneh-Mason casse le moule avec le Troisième concerto pour piano de Prokofiev et l’Orchestre symphonique de Toronto

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L’étoile montante et pianiste classique britannique, Isata Kanneh-Mason et ses six frères et sœurs, tous musiciens accomplis, se sont démarqués lors de l’édition 2015 de Britain’s Got Talent. Depuis, la pianiste trace un chemin unique comme concertiste, soliste et chambriste, tout en produisant une prolifique série d’enregistrements.

L’étoile montante et pianiste classique britannique, Isata Kanneh-Mason fera ses débuts avec l’Orchestre symphonique de Toronto (OST) les 22, 23 et 24 mars au Roy Thompson Hall.

L’aspect visuel unique de Kanneh-Mason est indissociable du jeu de la pianiste. Contrairement à la présentation formelle adoptée par le milieu musical classique, elle apporte une présence fraîche, pétillante et créative avec sa tenue lumineuse et colorée. Face à une concurrence féroce où s’empilent les programmes et les interprétations conventionnels, Kanneh-Mason est fidèle à elle-même et à sa franche authenticité qui séduit de nombreux auditeurs et fans du monde entier.

Les réalisations de Kanneh-Mason en tant que soliste et artiste collaborative (notamment en duo son frère, le violoncelliste Sheku Kanneh-Mason) lui ont valu le prix Leonard Bernstein en 2021. Son jeu nuancé et précis révèle une sensibilité musicale pour les thèmes de l’innocence et de l’enfance. L’enjouement et l’élan rythmique de Kanneh-Mason sont évidents dans son enregistrement du Golliwog’s Cakewalk tiré du « Children’s Corner » de Debussy, tandis que sa maturité précoce, sa profondeur musicale et sa sonorité raffinée conviennent à merveille au Traümerei de Schumann.

Son début avec l’OST se fera avec le Troisième concerto pour piano op. 26 en do majeur de Sergueï Prokofiev — un véritable cheval de bataille du répertoire pianistique. « J’ai entendu ce concerto pour la première fois quand j’avais dix-huit ans, et il a allumé un feu et une excitation en moi », explique Kanneh-Mason. « Cette œuvre réveille quelque chose de profond à l’intérieur de moi-même et je me sens très libre lorsque je la joue », ajoute-t-elle.

Interrogée sur son enregistrement préféré du concerto de Prokofiev, elle avoue graviter « vers le célèbre enregistrement de Martha Argerich avec Charles Dutoit » (en 1997). Elle fait l’éloge de leur performance audacieuse, excitante et passionnée, « le Prokofiev comporte des moments très calmes et doux, ainsi que des moments fous où il se passe tellement de choses en même temps. Cette musique requiert beaucoup de clarté rythmique et cet enregistrement le fait si bien ».

Argerich n’est pas la seule pianiste qui inspire Kanneh-Mason. Fanny Mendelssohn-Hensel, la sœur talentueuse et souvent négligée de Félix, est une figure importante pour la pianiste britannique, qui a interprété sa Sonate de Pâques en tournée et dans un film documentaire sur la vie de Fanny.

La pianiste britannique note également l’influence de Clara Schumann — pianiste, compositrice et épouse dévouée du compositeur Robert Schumann. Dès la première écoute du Concerto pour piano en la mineur et du Scherzo no. 2 pour piano solo, Kanneh-Mason fut attirée par la passion et l’inventivité mélodique. « [cette musique]me touche profondément, et j’ai dédié mon premier album, Romance, entièrement aux œuvres de Clara Schumann. Elle m’inspire sur le plan personnel également : elle a fait preuve d’une telle force, malgré toutes les adversités auxquelles elle a été confrontée en tant qu’interprète tout au long de sa vie ».

Kanneh-Mason reconnaît que le milieu de la musique classique est beaucoup plus ouvert aux femmes qu’à l’époque de Clara et Fanny. « [aujourd’hui, il y a] de nombreuses compositrices et c’est devenu normal d’être interprète ou cheffe d’orchestre. Il y a encore du chemin à faire, mais les obstacles [pour les femmes]sont beaucoup moins grands qu’il y a 200 ans », note la jeune pianiste. « La profession de pianiste est toujours majoritairement représentée par les hommes, quoique certaines femmes très fortes ont cassé le moule », ajoute-t-elle. « Le plus grand défi auquel nous sommes confrontés aujourd’hui est de changer notre perception des artistes féminines et de leur accorder le même respect que nous accordons à leurs homologues masculins. »

En plus du réseautage, Kanneh-Mason attribue son succès à une éthique de travail rigoureuse, à son empressement d’accepter toutes les opportunités qui se présentent à elle et à son engagement à tout donner lors de chaque représentation. Elle souligne l’importance de prendre des risques, rencontrer d’autres musiciens, forger des collaborations et partenariats musicaux. « C’est pour cela que je me suis rendue ici aujourd’hui », dit Isata. « J’avais prévu gagner un grand concours, mais parfois, il faut s’adapter, car les choses ne se déroulent pas toujours comme on le prévoit. »

L’aînée d’une famille de sept enfants, Isata Kanneh-Mason s’attribuait jadis le rôle de leader, quoique « d’une manière très enfantine ». Devenus jeunes adultes, les frères et sœurs ont formé un système de soutien mutuel remarquable. Isata est reconnaissante à ses parents d’avoir priorisé leur éducation et de les avoir encouragés à poursuivre leurs rêves en les emmenant aux cours de musique à Londres, en suivant leurs progrès, en écoutant leurs répétitions et en leur permettant de poursuivre des passe-temps en dehors de leur scolarité et de leurs activités musicales.

« Je suis très reconnaissante envers mes parents : ils ont tant sacrifié pour nous offrir le plus d’opportunités possible. Je pense que c’est la meilleure chose que vous puissiez donner à un enfant ; cela vous permet de choisir ce que vous voulez faire en bénéficiant du soutien nécessaire pour briller dans [vos passions]. Je me sens tellement chanceuse d’avoir eu ça ».

Hormis le concerto de Prokofiev, l’OST dirigé par Ryan Bancroft interprétera Within Her Arms d’Anna Clyne, une œuvre pour ensemble à cordes de 15 musiciens. Conçue comme une méditation sur la vie et le deuil, l’œuvre s’inspire du décès de la mère de Clyne. Le concert clôt avec l’émotionnelle Dixième Symphonie de Chostakovitch (1953). Composée après la mort de Joseph Staline, l’œuvre est considérée comme une représentation de la période stalinienne en Union soviétique, une période marquée par la violence et la terreur.

Kanneh-Mason et le chef invité Ryan Bancroft se joindront au TSO pour ce programme enflammé les vendredi 22 mars, samedi 23 mars et dimanche 24 mars au Roy Thomson Hall. Pour plus d’informations : www.tso.ca/concerts-and-events/events/prokofievs-piano/

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