This page is also available in / Cette page est également disponible en: English (Anglais)
Lorsqu’il rejoint les rangs de la faculté de musique de l’Université de Montréal en 2022, le pianiste américain Henry Kramer, alors âgé de 35 ans, a déjà accumulé un nombre impressionnant de récompenses, d’expériences et d’accolades. Lauréat de concours aussi prestigieux que le Reine Elizabeth, Honens, Montréal, Shanghai et le National Chopin Competition de Miami, Henry Kramer a auparavant enseigné dans des universités américaines en Géorgie, au Missouri et au Massachusetts. En 2019, il a reçu la bourse Avery Fisher, décernée aux jeunes solistes américains les plus prometteurs.
Malgré ses succès en compétition, Kramer adopte une philosophie pragmatique en ce qui concerne le développement de carrière. « Aujourd’hui, il n’est plus aussi crucial qu’auparavant de se faire remarquer dans les concours ou d’enregistrer un disque, explique-t-il. Il existe de nouveaux moyens de se faire connaître. Une forte audience sur les médias sociaux peut se traduire par des engagements concrets. »
Les plateformes en ligne telles que YouTube ou Instagram permettent aux artistes de se constituer une vaste communauté sur les médias sociaux en produisant du contenu que les gens aiment regarder. Kramer reconnaît que les parcours professionnels alternatifs conviennent souvent mieux à certains types de personnalités que les modèles traditionnels. Pour réussir dans un concours, « il faut avoir la peau dure et beaucoup d’ambition. Il existe d’autres voies que les artistes et les interprètes plus sensibles peuvent emprunter »
Les jeunes concertistes doivent se demander ce qu’ils recherchent vraiment dans le circuit des concours. « Après avoir participé à des concours et gagné des prix, on finit par se rendre compte que l’on cherchait une validation. Lorsque l’on se lance dans un concours, il faut aussi penser à ce qui vient après. Si vous n’êtes pas sûr de vous ou de ce que vous voulez faire, vous risquez de vous perdre. Ce qui attire le public, c’est lorsqu’on est véritablement engagé dans ce que l’on fait », explique-t-il.
Grâce à sa formation, Kramer s’inscrit dans une longue lignée de pianistes qui remonte à Busoni, Liszt, Chopin et Beethoven.
Il est heureux que l’héritage de Leon Fleisher, l’un de ses professeurs, soit partagé par ses collègues pianistes de la faculté de l’Université de Montréal. Bien que fortement ancré dans les idées musicales contenues dans la partition, Kramer puise son inspiration dans de multiples sources lorsqu’il prépare ses interprétations. Alors qu’il apprenait le Concerto no 2 de Prokofiev en tant qu’étudiant de premier cycle à Juilliard, il suivait un cours de littérature russe : « La lecture d’œuvres auxquelles Prokofiev aurait été exposé, comme Dostoïevski, m’a profondément influencé. »
Sur le plan pédagogique, le nouveau professeur s’efforce de transmettre un sentiment d’autonomie de l’instrument et la capacité de communiquer de manière expressive par le biais du son. « Le plus important, c’est que mes élèves développent une voix distincte quand ils jouent leur instrument, où leur son et leur interprétation ont de la force et de la présence. Je conçois mon travail comme la formation d’un acteur: on l’aide à trouver une voix, une technique et une articulation. Une carrière peut prendre de nombreuses formes, mais si cet élément essentiel manque, il est difficile d’attirer le public en tant que pianiste », considère-t-il.
This page is also available in / Cette page est également disponible en: English (Anglais)