Critique concert | Vigoureuse Septième Symphonie de Mahler à l’OSM

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Le mardi 16 janvier 2024, l’Orchestre Symphonique de Montréal (OSM) a livré une somptueuse interprétation du Concerto pour violon n.1 op.35 de Karol Szymanowsky et de la Symphonie n°7 en mi mineur de Gustav Mahler. Une Maison symphonique comble a accueilli l’institution montréalaise bien-aimée alors que sa directrice générale Madeleine Careau a prononcé un discours rappelant au public l’histoire du 90e anniversaire de l’orchestre.

Le programme, présenté à deux reprises, comprenait des œuvres mettant en valeur le potentiel coloriste et la variété des timbres de l’orchestre. Selon les notes de programme détaillées, le Concerto pour violon de Szymanowsky est l’un des premiers exemples modernes du genre. Écrit en 1916, alors que le compositeur avait 34 ans, il rompt avec de nombreuses conventions du XIXe siècle en termes de langage, de forme et de flot musical.

Achevée à l’été 1908, la Septième Symphonie de Mahler comprend deux mouvements composés antérieurement portant le même titre (Nachtmusik) et trois mouvements inédits écrits en l’espace de quatre semaines. Contrastant du point de vue de la forme avec ses six premières symphonies, l’instrumentation de la Septième est similaire à celle de Das Lied von der Erde et de sa Dixième Symphonie qui se démarquent par l’utilisation de la guitare et de la mandoline.

Ce que vous avez manqué

Dès les premières notes du concerto pour violon de Szymanowsky, la soliste néerlandaise Simone Lamsma s’est imposée dès les premières notes par son charisme et sa présence scénique irrésistible. Son jeu expressif a empreint chaque détail de l’écriture stylistiquement complexe du maître polonais.

Fondant impressionnisme et expressionnisme, le style de Szymanowsky a été parfaitement rendu par l’orchestre dirigé par le maestro Rafael Payare. Des soupçons de Debussy, Ravel, Gershwin, Rachmaninov — pour ceux moins habitués au langage musical de Szymanowsky — semblent émerger tout au long de cette musique imagée. La riche palette tonale et la créativité mélodique de Szymanowsky évoquent par moments des récits tantôt ludiques, tantôt plus dramatiques.

Au-delà d’une exploration des couleurs orchestrales, Szymanowsky insuffle un courant émotionnel profond à son écriture, livré avec passion et éclat par Lamsma, même dans les moments les plus exigeants du point de vue technique. Très attentif, maestro Payare a montré le parfait soutien à la soliste en guidant habilement les musiciens dans certains des moments de transition délicats. Un régal.

Rafael Payare (Photo by Antoine Saito)

La pièce de résistance de la soirée fut sans aucun doute la Septième Symphonie de Mahler. En bref : l’OSM tel que je l’ai rarement entendu auparavant. Pleinement à la hauteur de la responsabilité qui lui a été confiée, Payare a trouvé le son, l’âme et la complicité d’un ensemble de chambristes de l’orchestre d’une manière dont je n’avais pas été témoin depuis de nombreuses années. En contraste frappant avec la sonorité plus sobre de Kent Nagano et son approche germanique et analytique, la vitalité de Payare a donné un souffle nouveau à l’orchestre.

Presque impeccables, les cuivres sonnaient cristallins, clairs, agiles, puissants lorsque voulu, subtils lorsque nécessaire. De merveilleux solos dans la section des bois, flexibles, nuancés et inspirés, caressaient nos oreilles. L’orchestre jouait avec une énergie qui émanait de chacun de ses membres, alors que la musique semblait circuler entre l’imagination collective du chef et de ses musiciens en un cycle vertigineux. La direction de Payare est unique : mélange de ballet, de pantomime subtile et de technique classique précise, il a rouvert l’âme et la sensibilité coloriste de l’orchestre.

Quelques reproches

Payare et son orchestre nous ont tenus en haleine pendant la majeure partie d’une symphonie durant plus d’une heure. Cependant, l’attention du public a commencé à décliner dans le quatrième mouvement, Nachtmusik, faute d’un style d’écriture éclectique et distrait plutôt que de l’interprétation. Payare transmettait l’émotion à son orchestre d’une manière qui n’était pas sans rappeler la propre direction de Mahler (nous provenant des images qui restent de lui) : une expression faciale intense, des postures corporelles variées et des gestes souples et fluides.

Impressions générales

Grâce, en grande partie, à un jeune chef talentueux et vigoureux et à une jeune génération de musiciens travaillant avec des membres plus expérimentés, l’OSM a présenté la fusion parfaite de vitalité et de subtilité. Le public a répondu avec un enthousiaste. Une soirée exceptionnelle.

Les programmes Szymanowski et Mahler se déroulent les 16, 17 et 20 janvier à la Maison Symphonique. L’Orchestre Symphonique de Montréal est dirigé par Rafael Payare, mettant en vedette Simone Lamsma comme violoniste soliste.

https://www.osm.ca/fr/concerts/rafael-payare-dirige-la-symphonie-no-7-de-mahler/

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