Critique concert | Le Gloria de Vivaldi par l’Ensemble Caprice

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Le dimanche 15 octobre 2023, un public comble a accueilli l’Ensemble Caprice de Mathias Maute lors d’un concert à la Maison Symphonique célébrant les 35 ans du réputé ensemble baroque.

Présentant un programme entièrement consacré aux œuvres d’Antonio Vivaldi, Maute avait invité l’Ensemble ArtChoral et les membres de l’Orchestre Baroque de Jérusalem (OBJ), le premier orchestre baroque d’Israël. Maute a partagé la direction avec le Maestro David Shemer, fondateur de l’OBJ, qui accompagnait l’orchestre au clavecin et à l’orgue mécanique. Accueillant et présentant chaleureusement ses invités, Maestro Maute a remercié les membres de l’OBJ pour leur présence malgré les circonstances internationales difficiles.

Ensemble Caprice (Photo by Tam Photography)

Le concert a débuté par l’interprétation d’un texte du poète, auteur, chanteur et chroniqueur Yehonathan Geffen, mis en musique par Matti Caspi, figure de proue de la musique populaire israélienne. Accompagnée par l’orchestre, la soprano Keren Motseri a habilement fusionné le chant populaire et le chant classique dans son interprétation du poème, A Place of Worry. « Je peux chanter du Vivaldi à tout moment », déclare Motseri, « mais pour moi, cette chanson était le cœur du concert. » Le poème parle d’une contrée lointaine, emplie de tristesse, d’inquiétude et de fleurs sauvages. Dieu veille sur sa création avec une inquiétude sans fin.

L’émouvante interprétation des musiciens a plongé le public dans une ambiance sombre et introspective, avant que l’atmosphère ne change subitement dans In exitu Israël et Laudate Dominum, deux psaumes festifs de Vivaldi.

L’orchestre a pris de l’élan lors du célèbre L’estro armonico, mené résolument par Noam Schuss (1er soliste) et Lucie Ringuette (2e soliste). La cohésion de l’ensemble a été renforcée par le jeu animé de Susie Napper (1re violoncelliste). Cependant, dans l’aria de l’Adagio e spiccato, l’orchestre a été trop rigide pour permettre à Schuss de varier son jeu avec plus de spontanéité et d’expression.

Ceci dit, l’extraordinaire fluidité, énergie, émotion et virtuosité des musiciens et des chanteurs des trois ensembles différents étaient parfaitement équilibrées. Mené par les mains expertes de Maute et de Shemer, l’Ensemble Caprice a été à la hauteur de sa réputation comme orchestre baroque de premier plan sur la scène musicale contemporaine canadienne et internationale.

Ensemble Caprice (Photo by Tam Photography)

La soprano néerlandaise israélienne, Keren Motseri, a captivé le public avec sa voix flexible, nuancée et hautement expressive dans le Motet In furore iustissimae irae de Vivaldi. Ses notes aiguës et éthérées rappelaient parfois la voix de Cecilia Bartoli, la plus grande diva de la musique baroque. La maîtrise expressive et technique du motet par Motseri a été l’un des moments forts du concert. Dans le Magnificat, la soprano canadienne Janelle Lucyk et la mezzo québécoise Marie-André Mathieu se sont jointes à elle, deux collaboratrices qui ont fait valoir leurs talents aux côtés de Motseri. Le timbre de Lucyk s’accordait parfaitement avec l’ensemble et le chœur, tout en conservant une clarté distincte. Le timbre de Mathieu apportait profondeur, soutien et de la richesse dans les fréquences graves.

Les solistes instrumentaux se sont démarqués dans le Concerto en ré mineur par la virtuosité de Mme Ringuette (1er violon solo) et de Noam Gal (2e violon solo), la sophistication et la souplesse du jeu de Karim Nasr (1er hautboïste solo) et d’Amanda Kitik (2e hautboïste) et la vivacité des flûtistes (flûtes à bec) Sylvie Larivière et Matthias Maute, co-directeurs artistiques de l’Ensemble Caprice. Pour clôturer le concert, le chœur et les trois solistes vocaux se sont joints à l’orchestre pour interpréter le magistral Gloria en ré majeur de Vivaldi. Tous les membres de l’ensemble ont contribué à une performance captivante, à la fois concentrée et spontanée. L’interprétation angélique et inspirée de Domine Deus, rex coelestis par Lucyk a été remarquable.

Ensemble Caprice (Photo by Tam Photography)

Le Gloria a conclu le concert de manière impressionnante qui a été acclamé chaleureusement par le public. L’interprétation présentait les traits caractéristiques de la musique baroque en termes de phrasé, d’expression, de timing et d’ornementation. Dans l’ensemble, le concert a été rafraîchissant et a apporté un certain réconfort en cette période difficile.

Matthias Maute a noté que la performance conjointe de l’Ensemble Caprice et de l’Orchestre Baroque de Jérusalem constituait la plus importante collaboration musicale baroque entre le Canada et Israël. À en juger par le succès du concert, dimanche dernier, on peut s’attendre à de nombreuses autres collaborations entre ces deux ensembles et leurs solistes.

Ensemble Caprice ensemblecaprice.com

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A propos de l'auteur

Viktor Lazarov is an interdisciplinary musicologist and pianist specializing in performance practice analysis and contemporary repertoire by Balkan composers. Laureate of the Opus Prize for the “Article of the Year” awarded by the Conseil québécois de la musique in 2021, Viktor has performed and lectured in Austria, Canada, France, the Netherlands, Serbia, Spain, the United States, and published in CIRCUIT and La Revue musicale de l’OICRM. Viktor holds a Ph.D. in Musicology from the University of Montreal, an M.Mus. and a Graduate Diploma in Performance from McGill University, a B.Mus. from the University of South Carolina, and Graduate Certificate in Business Administration from Concordia University. (Photo: Laurence Grandbois-Bernard)

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