Critique CD | Femmes de légende (Atma Classique, 2023)

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Femmes de légende
Élisabeth Pion, piano
Atma Classique, mai 2023

L’album de la pianiste québécoise Élisabeth Pion ouvre sur un jeu limpide, fluide et chaleureux. Symbiose magnifique entre la pianiste et l’écriture habile de la compositrice française Mélanie Hélène Bonis (1858-1937), Femmes de légendes dévoile charme, couleurs et effervescence tant dans le jeu de Pion que dans le programme original présenté. Pianiste dont le nom parcourt la scène musicale québécoise et internationale depuis quelques années, Pion affirme son talent incontestable dans cet album sorti en 2023 sous l’étiquette ATMA Classique.

L’œuvre de Bonis s’inspire, comme son titre l’indique, d’héroïnes littéraires et mythologiques et porte toutes les caractéristiques de l’écriture française de l’époque entre Fauré et Ravel. Cette œuvre magistrale devrait figurer plus souvent dans le programme de concert des pianistes. Prenant le relais à ce répertoire, l’écriture intelligente et spirituelle d’Henri Dutilleux, plein d’humour sans jamais verser dans le sarcasme, s’enchaîne parfaitement avec la suite pour piano Au gré des ondes. Ici encore, le jeu nuancé et séduisant de Pion est à la hauteur des pages inspirées de Dutilleux.

Le disque sombre soudainement dans une tonalité plus grave et effrayante avec la Berceuse du compositeur britannique Thomas Adès. Dramatique, excessive, l’interprétation reflète l’origine de l’œuvre dans l’opéra L’Ange exterminateur, inspiré d’un film de Luis Buñuel. Le charme français est de nouveau au rendez-vous avec Prélude en ré bémol majeur et Trois morceaux de Lili Boulanger, compositions somme toute mieux réussies que le Thème et variations en do mineur suivant qui rappellent les moments plus faibles de Rachmaninov.

En fin du programme se trouve la fameuse Isle joyeuse de Claude Debussy qui semble un peu impatiente, voire névrotique, sous les doigts virtuoses et assurés de Pion. On aurait souhaité ici entendre la spontanéité et l’enjouement manifestes dans les œuvres précédentes. L’album se termine en douceur avec deux charmantes compositions de la jeune pianiste, Balcony on a Wednesday Night et une reprise ornementée du Prélude en berceuse, un clin d’œil à Dutilleux.

Souplesse, expressivité, maturité – tels sont les mots qui décrivent le jeu d’Élisabeth Pion, une artiste dont la carrière ascendante est à surveiller. Seul élément regrettable, le piano utilisé pour l’enregistrement dans la salle de concert du Domaine Forget n’est pas toujours à la hauteur dans les passages plus forts, bien qu’il exprime avec aisance l’étendue des pianissimos de Pion.

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