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Pièce maîtresse d’une saison historique célébrant huit décennies d’excellence au Conservatoire de musique de Montréal, le grand concert prévu pour le 30 mars 2024 s’appuie sur un programme enrobé de solennité et d’une surprenante gravité.
« Je ne savais pas que ce serait le programme pour le 80e anniversaire », confie le chef de l’Orchestre symphonique du CMM depuis 2021, Jean-Marie Zeitouni. Souhaitant rendre hommage à une tradition de concerts rassemblant chœurs et orchestre dans le temps de Pâques alors qu’il était lui-même élève au CMM, Zeitouni projetait une thématique tournée vers la réflexion et le deuil.
Ces concerts sont « les plus vifs et importants souvenirs de ma formation », se souvient l’ancien choriste devenu chef de renommée internationale. C’est lors d’un de ces événements que Zeitouni découvre le Stabat Mater de Francis Poulenc, œuvre centrale du concert anniversaire. « J’ai découvert cette utopie d’avoir 150 ou 200 voix avec un orchestre. […] L’expérience a été décisive pour moi. »
C’est en raison de ces proportions impressionnantes que la directrice du CMM, Manon Lafrance, eut l’idée d’organiser le concert d’anniversaire autour du programme proposé par Zeitouni pour la veille de Pâques. Vacillant entre l’ombre et la lumière, le programme comprend aussi le Chant funèbre d’Igor Stravinski, la Cantate pour une joie de Pierre Mercure et la création d’une étudiante au CMM, Florence Tremblay. L’effectif compte les Chœurs des Petits Chanteurs de Laval, les ensembles vocaux Phœbus et Gaïa ainsi que la Chorale et l’Orchestre symphonique du CMM.
Outre la célébration d’un moment historique, cet événement est rassembleur d’une communauté tissée serrée, explique le compositeur et professeur Nicolas Gilbert. « Autant pour les professeurs que pour les étudiants, on a un fort sentiment d’appartenance. Je pense que les anniversaires sont aussi des fêtes familiales. » Pour la soprano Karina Gauvin, diplômée du CMM, il y a un côté très personnel, car ses parents se sont rencontrés au CMM. « C’est un beau cadeau de pouvoir être là, de célébrer et de chanter ces œuvres », dit-elle.
Le programme du 30 mars rend hommage également à un célèbre ancien élève, le compositeur Pierre Mercure. Diplômé de la classe de composition en 1949, Mercure écrit quelques années plus tard sa Cantate pour une joie pour soprano, chœur et orchestre. « C’est un langage que je trouve vraiment lumineux – c’est la quête de la joie de l’être humain », confie la réputée soprano.
Aux côtés de Mercure se trouve une œuvre de Florence Tremblay, étudiante finissante en maîtrise en composition au CMM. Le titre intrigant de son œuvre, Les détours nécessaires, fait allusion au monde des jeux vidéo, mais évoque aussi le fait que parfois, dans la vie, le chemin le plus efficace n’est pas celui qu’il semble nécessaire d’emprunter.
Un curieux parallèle se dessine entre la création de Tremblay et l’œuvre la plus ancienne au programme, le Chant funèbre d’Igor Stravinski datant de 1908. Jouée pour la première fois à Montréal en 2022 par Yannick Nézet-Séguin et l’Orchestre Métropolitain, l’œuvre revêtira une aura de nouveauté pour la plupart des auditeurs et prendra « presque la saveur d’une création », dit Zeitouni.
L’œuvre centrale du programme est sans doute le Stabat Mater de Francis Poulenc. « La musique de Poulenc est toujours ambitieuse et difficile », dit Roseline Blain qui dirige deux des cinq chorales qui s’uniront pour le concert.
Le Stabat Mater nécessite une subdivision des voix d’homme à trois parties au lieu de deux, qui est la norme. Il « est écrit pour voix d’homme avec complément des voix de femmes. […] C’est une sorte de déconstruction de nos schèmes d’écoute habituels avec une nouvelle conception de la musique », explique Mme Blain, cheffe des Ensembles Phœbus (voix d’hommes) et Gaïa (voix de femmes).
Outre la division du chœur, le Stabat Mater possède certaines particularités stylistiques. « On parle souvent de Poulenc comme étant le moine et le voyou, dit le chef de chœur Philippe Ostiguy. On a à la fois cet aspect austère dans son écriture puis en même temps des harmonies assez chatoyantes où l’on trouve son écriture de mélodie, de bar enfumé, de cabaret même si c’est un texte de musique sacrée. Le défi sur le plan musical et de l’interprétation est de passer rapidement d’un style à un autre en très peu de temps. »
Les chœurs dirigés par Ostiguy comprennent trois ensembles de jeunes choristes entre 8 et 33 ans – environ 120 choristes – auxquels s’ajoutera le Chœur du CMM, un ensemble d’environ 35 choristes qu’Ostiguy dirige depuis trois ans.
Chaque groupe répétera séparément jusqu’au moment où ils se retrouveront sous la direction de Jean-Marie Zeitouni la semaine précédant le concert. « Il faut que j’essaie de créer une identité musicale de gens qui vont être des leaders et qui seront responsables de l’interprétation musicale, de la justesse, de la direction des phrases et de l’articulation », dit-il.
Le chef d’orchestre est fier que pour célébrer les 80 ans du Conservatoire, on soit encore à mettre le talent des jeunes de l’avant. « C’est une découverte de nouvelles œuvres, d’expériences uniques, et même, pour plusieurs, de la salle de concert de la Maison symphonique. C’est vraiment pour offrir de magnifiques conditions de création aux jeunes talents, leur offrir un écrin et une structure pour magnifier leur talent, leur initiative, leur créativité. » Fidèle à la mission qu’il s’est donnée dès sa fondation, l’octogénaire Conservatoire de musique de Montréal est digne d’un avenir prometteur.
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