Rameau, Mozart et Debussy à New York en 1920

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À l’aube du XXe siècle, faute d’avoir des institutions de qualité, New York ne fournissait pas un terreau favorable à la musique classique. Or, dans les années 1920, la grande école Juilliard voit le jour. En peu de temps, la ville devient l’un des pôles majeurs de l’industrie musicale.

Cette ébullition suscite la curiosité. Entre autres, on se demande : à quoi ressemblait un concert à New York durant cette période ? C’est la question qu’Autour de la flûte a voulu élucider en présentant « New York, 1920 ». Avec des instruments anciens, un programme étudié et les techniques pertinentes, Aleks Schürmer (flûte), Antoine Malette-Chénier (harpe) et Jennifer Thiessen (alto) ont talentueusement reconstitué une prestation d’époque.

Ce type de concert présente un intérêt particulier. En cherchant à savoir, par exemple, comment l’on jouait Rameau ou Mozart au début du XXe siècle, on dégage une vision de la musique susceptible d’enrichir la nôtre.

Or, la bonne marche d’un tel concept nécessite un travail de mise en contexte. La directrice de la compagnie, Mika Putterman, et les interprètes en avaient bien conscience. Ils ont pris le temps de décrire leurs instruments (une flûte conique en bois de 1870, une harpe à pédales de 1940 et un alto avec cordes en boyau). Ils ont de même rappelé les techniques interprétatives de l’époque (aux instruments à cordes, par exemple, le vibrato et le portamento étaient particulièrement estimés).

Le programme, conforme au goût des Années folles, offrait une palette généreuse, avec des compositeurs aussi différents que Rameau, Mozart, Rachmaninov, Elgar, Debussy, Salzedo, Bax et de Falla. De plus, il dénotait une intention louable de mettre en valeur chaque instrument. L’on a ainsi fait succéder à un arrangement pour flûte et harpe de la Sonate en mi mineur, K. 304, de Mozart un arrangement pour harpe et alto de la Vocalise de Rachmaninov. C’était fournir l’occasion au public de bien goûter non seulement le contraste des styles mais surtout les spécificités de chaque timbre.

L’un des moments les plus réussis s’est avéré la Sonate pour flûte, alto et harpe, L. 137, de Debussy. L’organicité de l’ensemble y a atteint des sommets. On s’attachait à se renvoyer les énergies de la musique, à en dégager les fortes correspondances. Entre la sonorité parfois tranchante de l’alto et la douceur boisée de la flûte, la harpe prodiguait un jeu souple, plein d’intentions, et donnait au trio une solide fondation.

En bref, le concept s’est montré fructueux — qui plus est original au regard de la scène montréalaise. Les mélomanes tentés par l’expérience pourront assister au prochain concert d’Autour de la flûte en avril 2019, « Au salon ! », qui reconstituera l’univers des salons du XIXe siècle.

www.autourdelaflute.com

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