Critique de disque | Le jeune Donizetti: L’aio nell’imbarazzo

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4.0
  • Naxos 4
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Jules Massenet : Grisélidis

Vannina Santoni, soprano; Julien Dran, ténor; Thomas Dolié, Tassis Christoyannis et Thibault de Damas, barytons; Antoinette Dennefeld et Adèle Charvet, mezzo-sopranos; Adrien Fournaison, basse. Orchestre national Montpellier Occitanie; Chœur Opéra National Montpellier Occitanie; Jean-Marie Zeitouni, chef

Bru Zane, 2024

Les amateurs de Donizetti aimeront découvrir L’aio nell’imbarazzo, un opera buffa créé en 1824 et qui fut repris un peu partout en Europe pendant quelques années, en faisant le premier vrai succès durable du compositeur. Mais l’œuvre pourrait plaire aussi aux amateurs de Rossini, qui à l’époque régnait en maître sur toutes les maisons d’opéra d’Europe, alors que tous les compositeurs « faisaient du Rossini ». Le jeune Gaetano cherche parfois un peu trop à ressembler à son aîné, dirait-on… Mais sa personnalité perce malgré tout ici et là, avec un certain déhanchement dans les parties rapides ou certaines envolées plus langoureuses dans les moments de tendresse. On perçoit mieux ces particularités après avoir lu dans le feuillet les explications éclairantes du chef d’orchestre passionné Vincenzo Milletarì.

L’œuvre bénéficie en outre d’un excellent livret de Jacopo Ferretti (auteur avec Rossini de La Cenerentola). On y suit les mésaventures d’un « précepteur dans l’embarras » (c’est la traduction du titre), Don Gregorio, chargé par le marquis Don Giulio de veiller sur la vertu de ses deux fils Enrico et Pippetto. Malheureusement pour lui, les deux frères sont amoureux, chacun de son côté. Si le niais Pippetto s’est amouraché de la vieille servante Leonarda, Enrico a épousé secrètement Gilda, avec qui il a eu un enfant. Le pauvre Gregorio doit cacher la mère et nourrir l’enfant…

L’action sort agréablement des schémas habituels de l’opera buffa où il est le plus souvent question de deux amoureux empêchés de s’unir; ici, le mariage est déjà consommé quand l’opéra commence ! Quant aux amours du fils cadet avec une femme plus âgée, ils semblent annoncer sur un mode comique un opéra ultérieur de Donizetti, tragique celui-là, Lucrezia Borgia.

Naxos aiderait la cause de cette charmante découverte en rendant accessible en ligne un livret de l’œuvre dans une bonne traduction, le résumé fourni avec le CD ne suffit pas. En attendant, pour se faire une idée de l’action, on peut visionner sur You Tube une excellente version de 1984, très bien jouée et chantée, entre autres par Alessandro Corbelli, alors à ses débuts en Don Giulio. Près de quarante ans plus tard, il tient le même rôle dans l’enregistrement Naxos, avec une voix d’une santé confondante.

Corbelli est, avec Alex Esposito, le seul autre chanteur d’expérience dans la distribution. Les autres interprètes sont les stagiaires de la Bottega Donizetti, un stage avancé offert par le Festival Donizetti organisé chaque année à Bergame, ville natale du compositeur. Ils se débrouillent tous fort bien et donnent envie de réentendre, voire d’assister à une représentation de l’œuvre.

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A propos de l'auteur

Passionné d’art lyrique depuis son adolescence, Pascal Blanchet est détenteur d'un doctorat en musicologie de l'Université de Montréal. Une version abrégée de sa thèse a été publiée en France chez Acte Sud (Hervé par lui-même. Écrits du père de l’opérette). Outre son activité de choriste professionnel, il est scénariste pour des émissions jeunesse à la télévision québécoise et pour des spectacles musicaux joués partout au Québec : Opéra-bonbon ou L’aventure gourmande d’Hansel et Gretel et Les origines du bing-bang avec Jeunesses musicales Canada, ainsi que Lionel et Mary avec les Productions Rigoletta.

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