This page is also available in / Cette page est également disponible en: English (Anglais)
Avec presque un demi-siècle d’existence, la scène de la musique baroque à Montréal est bien mature, goûtant la recherche et suivant l’exemple de beaux modèles, penseurs ou interprètes; elle est foisonnante par le nombre d’initiatives et par la créativité de ses acteurs, ce qui en fait l’une des plus riches en Amérique du Nord. Je l’ai observé au fil de mes voyages sur le continent en tant que violon solo de l’orchestre baroque Apollo’s Fire de Cleveland. Quoiqu’éloignée du bassin culturel européen, générateur historique, la scène montréalaise n’en est pas moins une observatrice et une actrice à la voix essentielle dans la quête de cohérence esthétique et « affective » que représente l’interprétation musicale historiquement inspirée. Elle peut même se permettre d’explorer des répertoires oubliés qu’elle offre à son public friand de découvertes, grâce notamment au précieux soutien financier des institutions gouvernementales. Des étudiants viennent de partout vers Montréal pour bénéficier d’une formation complète en musique ancienne, notamment dans le programme bien établi à l’Université McGill qui nourrit régulièrement le milieu musical de plusieurs jeunes talentueux, assurant la relève.
Pour ma part, ce fut à dix-sept ans, en 1989, que je répondis à l’appel de la musique ancienne alors qu’une telle démarche était encore singulière : inspiré par Le Discours musical, un ouvrage de Nikolaus Harnoncourt qui vulgarise l’approche de la recherche historique pour rendre la musique baroque plus expressive, plus éloquente, je me mis à fouiller les sources théoriques originales de façon autonome, puis je cherchai du côté des musiciens actifs, ce qui me valut mes premiers engagements professionnels, tournées internationales et enregistrements de disques en tant que soliste et violon solo avec l’Orchestre baroque de Montréal, sous la direction de Joël Thiffault. Plus tard, j’eus la chance de côtoyer de grands maîtres invités au Québec par l’ensemble Arion. Le virtuose argentin Manfredo Kraemer m’offrit un premier encadrement technique au violon baroque avant mes études plus approfondies avec l’excellent professeur et penseur de la musique qu’est Jean-François Rivest, au cours desquelles je décidai de me spécialiser en musique française, souhaitant faire la promotion d’un style qui fait partie de notre patrimoine et qui gagne à être mieux représenté.
Mon propre ensemble dédié à cette musique, Sonate 1704, possède déjà un catalogue de plus de cent œuvres exécutées en public dont presque un tiers sont des redécouvertes depuis le dix-huitième siècle. Si mon métier me pousse à répandre une expertise montréalaise particulière et que des institutions comme le Conservatoire royal de musique de Bruxelles ou le Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris m’invitent à donner des journées de cours de maître, c’est d’abord au Québec que j’aime partager mes enthousiasmes musicaux.
_____
Olivier Brault mène une carrière internationale depuis près de trente ans. Professeur de violon baroque à l’Université McGill, il est directeur de l’ensemble Sonate 1704 (Québec) et de l’ensemble Les Goûts réunis (Luxembourg), violon principal avec le Four Nations Ensemble (New York) et Les Boréades de Montréal et il a été violon solo de l’orchestre Apollo’s Fire (Cleveland) de 2011 à 2018. Il possède un doctorat de l’Université de Montréal portant sur la musique française pour violon et basse continue. On l’invite régulièrement à donner des cours de maître dans de prestigieuses institutions. En 2011, il est médaillé de l’Assemblée nationale du Québec. En 2016, un article de la Société Radio-Canada le classe parmi les dix violonistes canadiens qu’il faut connaître.
This page is also available in / Cette page est également disponible en: English (Anglais)