Un retour sur scène en famille: Julie Boulianne et Marie-Nicole Lemieux enfin réunies

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L’Orchestre Symphonique de Québec donnait, mercredi soir dernier, son deuxième concert devant public depuis le mois de mars avec Nicolas Ellis à la baguette. Au programme : une soirée Rossini avec Marie-Nicole Lemieux et Julie Boulianne.

Ces cousines originaires du Lac-St-Jean n’ont partagé la scène qu’une seule fois, soit à l’Opéra de Montréal en 2003 dans une production de “La Flûte Enchantée” où elles n’avaient aucune scène en commun. Depuis, elles fréquentent les plus grandes scènes du monde : les portes du Metropolitan Opera House, du Royal Opera House et de l’Opéra de Paris leurs sont ouvertes. La semaine dernière, au Grand Théâtre de Québec, elles chantaient ensemble en concert pour la première fois.

“J’ai beaucoup d’appréhensions pour ce premier concert, pour toutes sortes de raisons,” avoue Julie Boulianne. “En premier, c’est émouvant de travailler avec Marie-Nicole pour la première fois. Nous sommes tellement contentes de nous retrouver enfin sur une scène, le processus de répétitions est carrément exaltant, j’ai peur de perdre mon contrôle émotionnel ou juste éclater de rire pendant le concert!” 

Crédit: Orchestre Symphonique de Québec

Malgré l’exaltation, la mezzo-soprano partage aussi sa crainte face à un retour sur scène quelques mois après avoir contracté le coronavirus. “Ça aussi ça fait peur. Par dessus tout, j’ai peur de ne pas y arriver vocalement parce que je suis encore en réhabilitation post-COVID. Mon instrument n’est pas encore revenu à sa pleine capacité. Je dois accepter que ce sera difficile par moments. Chose certaine, entendre l’orchestre dans la salle pour la première fois en répétition m’a procuré une joie immense qui fait en sorte que malgré la peur, je me sens vraiment privilégiée et enthousiaste. Je pense à tous mes collègues qui sont privés du bonheur de faire de la musique en ce moment, je veux chanter pour eux aussi.”

La soirée se déroule d’une manière assez particulière, selon les directives du gouvernement provincial qui a récemment permis les rassemblements de 250 personnes. En arrivant au Grand Théâtre, les membres du public sont invités à se désinfecter les mains avant d’être dirigés vers la salle par les ouvreurs. Les masques sont requis jusqu’au début du concert, après quoi il est possible de les retirer. Les premières rangées du parterre, les loges, la mezzanine et le balcon sont vides alors que le public est distancié dans ce qui reste de la salle. Le programme du soir est présenté sans entracte pour éviter les déplacements et le public devra attendre les directives des ouvreurs avant de quitter la salle après le concert.

Une fois tous les spectateurs assis et l’annonce du concert terminée, la salle plonge dans la noirceur et
l’orchestre s’accorde : le concert est finalement sur le point de commencer. Nicolas Ellis monte sur le podium, suivi de la radieuse Marie-Nicole Lemieux, munie d’un masque qu’elle porte des coulisses jusqu’à la scène. La soirée débute avec le grand air de Tancredi “O patria… Di tanti palpiti”, suivi de l’ouverture du “Barbier de Séville”, puis un air et un duo, tous deux exquis, extraits de “La Donna del Lago”. Les deux voix se marient à la perfection, au point où il est parfois difficile de les distinguer. On se demande pourquoi personne jusqu’à maintenant n’a pensé à les réunir sur scène pour un opéra rossinien ou encore un opéra baroque : chapeau à l’Orchestre Symphonique de Québec. L’élégante Julie Boulianne enchaînera avec brio le rondo final de “La Cenerentola”, l’un de ses opéras fétiches. L’ouverture de “L’Italiana in Algeri”, dirigée avec soin et précision par Nicolas Ellis, sera ensuite suivie de deux airs extraits de la même oeuvre par Marie-Nicole Lemieux, qui sera rejointe par Julie Boulianne pour une version improvisée, à deux, du célèbre air “Una voce poco fa”. Couronné de variations et d’aigus brillants, cet exploit unique fera lever le public qui offrira une longue ovation aux musiciennes. La soirée se termine par le fameux “Duo des chats” où les deux cousines font rire les spectateurs aux éclats. Après de longs applaudissements remplis de reconnaissance, la sortie de la salle de fait dans le calme, la bonne humeur et avec le sentiment d’avoir pu s’évader en oubliant les derniers mois difficiles le temps d’un concert.

Crédit: Orchestre Symphonique de Québec

“J’étais contente de chanter à nouveau avec orchestre et les répétitions pré-concert avec Julie ajoutaient à ma joie.” explique Marie-Nicole Lemieux à l’issue de la soirée. “Chanter avec une artiste comme elle est d’une grande inspiration et nous avions envie d’en profiter et de donner notre meilleur, mais je ne m’attendais pas à cette vague d’émotion qui m’a submergée à mon entrée sur scène. Entendre l’accueil sincère du public m’a fait réaliser à quel point nous étions choyées et à quel point ils m’avaient manqués. Je suis reconnaissante à l’OSQ de m’avoir permis de vivre ce moment avec cet orchestre que j’apprécie, et je suis aussi très heureuse de cette première collaboration avec le talentueux Nicolas Ellis.”

Le concert, capté par la société de production audiovisuelle ProdCan, sera diffusé ultérieurement, au grand bonheur de tous.

Pour plus d’informations sur la programmation de l’Orchestre Symphonique de Québec, visitez le osq.org

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