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CPO4
Si vous n’avez jamais entendu parler du compositeur Walter Kaufmann, vous n’êtes pas seuls. Juif tchèque dans l’Allemagne hitlérienne, Kaufmann a été engagé comme compositeur par un ami indien qui était en train de fonder une compagnie de cinéma à Bombay. Rapidement, il a été promu responsable de la musique à All India Radio, a cofondé (avec Meli Mehta) la société de musique de chambre de Bombay et a commencé à donner des cours à l’université.
La girouette politique ayant tourné, il émigre à Londres en 1946, où il composera pour Arthur Rank Films. Il devint ensuite le premier directeur musical de Winnipeg, au Manitoba, et enseignera en 1957 à Bloomington, Indiana, où il est décédé en 1984. Comprenez-vous pourquoi vous n’avez jamais entendu parler de lui ? Aucune de ses œuvres musicales n’a été publiée.
Et la musique, demandez-vous ? Étonnamment captivante. Ces premiers enregistrements de l’orchestre symphonique de la radio de Berlin, sous la direction de David Robert Coleman, débordent d’énergies frustrées et d’influences flamboyantes. Le concerto (soliste Elisaveta Blumina) doit beaucoup à Křenek, Stravinsky et Gershwin – c’est-à-dire qu’on ne s’ennuie pas.
La Symphonie no 3 de 1936 et une symphonie indienne de 1943 oscillent entre la forme sonate de Haydn et les matinées Bollywood, sans jamais lésiner sur le charme et les bizarreries instrumentales. Six miniatures indiennes (1965) sont des cartes postales musicales, réalisées avec tact et affection.
En plus d’être bien entouré – ami d’Albert Einstein, assistant chef de Bruno Walter et époux de la nièce de Franz Kafka –, Kaufmann n’était pas un minable sans talent. Il a même donné des leçons à un garçon nommé Zubin Mehta. Si ses voyages avaient pris une autre tournure, il aurait pu gagner des Oscars. En l’état actuel des choses, nous nous retrouvons avec un éventail de musiques civilisées qui se pose gracieusement sur l’oreille pendant une heure, mais qui ne parvient jamais à captiver pleinement la tête ou le cœur. Écoutez : vous ne le regretterez pas.
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