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Il y a bien des raisons derrière le peu de succès que rencontre habituellement le triple concerto de Beethoven sur disque. La plupart sont liées à l’ego. Dans un concerto classique, il y a un soliste, un chef et un orchestre. Dans le triple concerto de Beethoven, il y a un pianiste, un violoniste et un violoncelliste qui doivent tous être au diapason avant que le chef et l’orchestre n’interviennent. Il peut s’écouler des heures de confrontations avant que tout le monde soit satisfait.
L’enregistrement le plus notable implique trois Russes – Richter, Oistrakh, Rostropovitch – et le dictateur berlinois Herbert von Karajan, qui a passé la plupart des séances à s’inquiéter de leur portrait sur la pochette. Curieusement, peut-être à cause de la tension qui suppure, c’est aussi la version la plus réussie du triple concerto actuellement en circulation.
Le plus récent coup est porté par trois jeunes solistes britanniques au tempérament inégal et aux manières impeccables. Nicola Benedetti, 36 ans, est une violoniste au sommet de son art qui est également directrice du Festival d’Édimbourg. Benjamin Grosvenor, 31 ans, est un brillant pianiste qui attend une percée internationale. Sheku Kanneh-Mason, 25 ans, a du mal à se défaire de l’étiquette de violoncelliste des mariages royaux. Vous pouvez imaginer la teneur de la réunion de planification chez Decca : mettons de l’avant le meilleur des Britanniques dans Beethoven. Si seulement c’était si simple.
Les solistes ont beau essayer, ils peinent à susciter l’intérêt dans une conversation musicale où aucun d’entre eux n’est paré à tenir tête aux autres. Le résultat est un ouvrage décent, manquant de caractère et dépourvu de tension. L’Orchestre Philharmonia s’en sort avec les honneurs.
Les morceaux de remplissage de l’album sont plus imaginatifs. Une poignée d’arrangements de chansons populaires britanniques de Beethoven pour voix, piano, violon et violoncelle sont rehaussés par le chatoiement et le phrasé élégant du baryton Gerald Finley. C’est bien plus agréable que les maladroits ensembles de Fischer-Dieskau d’il y a longtemps. Finley n’est pas un artiste à faire des politesses avant de s’emparer d’une ligne. D’autres pourraient s’inspirer de son cran.
Traduction par Andréanne Venne
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