L’Hebdo Lebrecht | Tchaïkovski : Symphonie no 5, etc (ICA Classics)

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Qu’est-il advenu de Tchaïkovski ? Il fut un temps où les salles de concert devaient limiter le nombre de représentations saisonnières des cinquième et sixième symphonies, des concertos pour violon et pour piano, tant ils séduisaient le public et les chefs d’orchestre. Et l’éventail des interprétations était infini… de Karajan à Muti en passant par Gergiev et Solti.

Et maintenant ? Nyet.

Il se peut que Tchaïkovski soit une victime de notre tendance générale à défavoriser l’expansionnisme russe, mais il n’y a pas de raison évidente pour expliquer la quasi-disparition de ses deux dernières symphonies et la faiblesse d’exécution lorsqu’à contrecœur elles sont ressorties. Je pense que Tchaïkovski est l’un des principaux perdants des guerres culturelles du XXIe siècle.

Assez de griefs. Faites tourner ce disque de la Symphonie no 5 et vous verrez de quoi nous sommes privés. Il s’agit d’un concert donné en direct au Royal Albert Hall en 1971 par l’Orchestre symphonique de Leningrad et son second chef, Arvīds Jansons, un musicien que les autorités soviétiques n’avaient pas beaucoup soutenu en raison de son appartenance ethnique. Jansons appartenait à une minorité balte et avait une femme juive, deux vilaines tares. Son fils, Mariss, brillera plus tard.

Dans la Symphonie no 5 de Tchaïkovski, Jansons adopte une approche plus douce et plus humaine que son chef en titre Ievgueni Mravinski. Là où Mravinski se déchaînait sur les airs nationaux, Jansons en fait une vaste toile culturelle, pleine d’excentricités et de différences régionales. Le mouvement de valse est aussi tendre que tous ceux que j’ai entendus et le final est sévère, mais non militariste.

Et ce n’est pas tout. L’ouverture de La Belle au bois dormant ferait tomber les toiles d’araignée d’un cadavre et Francesca da Rimini est d’une ferveur effrayante. La Symphonie no 1 de Prokofiev est ajoutée en prime. Le son n’est pas de qualité studio, mais la musicalité est inattaquable, voire inaccessible de nos jours. C’est ainsi que Tchaïkovski nous faisait vibrer à l’époque où il était interprété avec cran et conviction.

Arvīds Jansons est mort d’une crise cardiaque, à l’âge de 70 ans, alors qu’il dirigeait un orchestre à Manchester en novembre 1984. Les autorités russes ont facturé à sa famille le transport de sa dépouille jusqu’à son lieu d’inhumation.

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A propos de l'auteur

Norman Lebrecht is a prolific writer on music and cultural affairs. His blog, Slipped Disc, is one of the most popular sites for cultural news. He presents The Lebrecht Interview on BBC Radio 3 and is a contributor to several publications, including the Wall Street Journal and The Standpoint. Visit every Friday for his weekly CD review // Norman Lebrecht est un rédacteur prolifique couvrant les événements musicaux et Slipped Disc, est un des plus populaires sites de nouvelles culturelles. Il anime The Lebrecht Interview sur la BBC Radio 3 et collabore à plusieurs publications, dont The Wall Street Journal et The Standpoint. Vous pouvez lire ses critiques de disques chaque vendredi.

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