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Stabat Mater: ****
Piano works: *****
S’il est peu probable que Karol Szymanowski entre un jour au Panthéon de la musique classique, sa cote n’a cessé de croître au cours de ce siècle, à tel point qu’on peut presque dire qu’il fait partie du courant dominant. Cela n’a jamais été le cas de son vivant, lorsqu’il souffrait du double handicap, pour un compositeur, d’être polonais et homosexuel. Pour le premier trait, on le comparait défavorablement à Chopin, pour le second, on le dépréciait par rapport à Tchaïkovski. Toujours à part, Szymanowski (1882-1937) ne ressemble à aucun autre créateur de langage musical, comme en témoigne une écoute même superficielle.
Un Stabat Mater de 1926, qui pleure la mort d’une nièce bien-aimée, est étonnamment optimiste pour les circonstances. Chanté en polonais et utilisant deux solistes féminines et un ténor, il évoque plus l’espoir que la perte dans un style musical plus proche de Janáček que de Stravinsky. Une interprétation à la radio autrichienne dirigée par Michael Gielen en janvier 2000 entraîne l’oreille sur des sentiers de forêt insoupçonnés, la cime des arbres scintillant d’une promesse de rédemption. Je n’ai pas entendu d’œuvre chorale plus captivante de toute l’année.
Et puis, au poste suivant, le pianiste polonais Krystian Zimerman arrive avec un ensemble de préludes et de mazurkas qui ouvre mes oreilles à un spectre plus large. Szymanowski au piano est à la fois enjoué et trompeur. Une touche de Chopin se transforme en Scriabine. Le deuxième prélude est résolument hédoniste, le troisième est un Schumann penchant vers Schönberg. Zimerman donne un sens nouveau à chaque phrase élaborée. Pour l’instant, le huitième prélude est mon préféré, mais une paire de mazurkas le concurrencent. C’est un album auquel vous retournerez encore et encore.
NL
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