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Arcantus2
J’attendais beaucoup de cet album, une tentative par des musiciens d’époque de recréer le genre de musique qui aurait pu − je répète, aurait pu − être jouée dans les pubs londoniens du début du 18e siècle. Henry Purcell, qui traînait beaucoup trop dans les hôtelleries londoniennes, était récemment mort. Haendel, qui préférait les excès culinaires, venait d’arriver d’Allemagne et cherchait encore son chemin dans les lieux de divertissement de la ville. En associant leur musique à une musique folklorique plus rugueuse qui, à l’époque comme aujourd’hui, était jouée dans des débits de boisson ésotériques, la connivence laissait supposer une possible illumination.
La première faille dans cette parution se trouve dans le titre. Haendel n’a jamais joué dans des pubs et a supprimé le tréma de son nom avant d’avoir pu essuyer de sa bouche son premier petit déjeuner anglais. Le deuxième défaut est le sérieux de la musique. L’Ensemble I Zeffirelli est composé d’interprètes de musique ancienne d’origine allemande ayant reçu une formation impeccable. Ils jouent des morceaux traditionnels comme Fig for a Kiss avec la même attention que la huitième sonate de Purcell et la sonate pour flûte de Haendel. Tout cela est parfaitement bien fait, comme s’il s’agissait d’une audition de subvention, mais sans la moindre trace de l’absence de forme et de l’anarchie nécessaires à une soirée dans un pub au bord de la rivière.
La lecture des journaux de Samuel Pepys aurait pu faciliter les choses. Il n’y a pas de tranchant dans cette interprétation, pas d’interaction avec une prétendue bande de buveurs. Un chanteur aurait pu aider à faire avancer les choses, de même qu’une touche de dissonance, mais l’ensemble du récital fait à peine sourire. Superbe titre, dommage pour la musique.
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