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BIS4
Compte tenu de l’ascension de Missy Mazzoli depuis une décennie qui en a fait la première femme à recevoir une commande du Metropolitan Opera, il est quelque peu étonnant de constater que ses seuls enregistrements jusqu’à présent sont parus sur une étiquette exclusivement locale, New Amsterdam Records. L’étiquette suédoise Bis est allée là où les grandes maisons craignent de s’aventurer en donnant à sa musique une empreinte baltique. On peut toutefois craindre pour la survie de l’industrie musicale si un talent de cet ordre est ignoré pendant si longtemps par les labels majeurs.
Mme Mazzoli, 42 ans, s’est fait connaître avec une adaptation opératique du film de Lars von Trier, Breaking the Waves, qui a commencé sa trajectoire à Philadelphie et s’est rendu au festival d’Édimbourg. Son dernier opéra, The Listeners, a été créé l’année dernière par l’Opéra de Norvège. Elle est déjà une force reconnue sur la scène lyrique mondiale, mais sa musique de concert reste peu connue.
L’œuvre-titre de l’album était à l’origine un concerto pour contrebasse et orchestre de chambre, qui a ensuite été adapté en concerto pour violon avec orchestre à cordes et en sextuor à cordes avec une voix principale (les deux versions sont jouées ici). Sa voix est saisissante d’audace créative et d’innovation structurelle. Elle prend le son d’un petit groupe qui s’accorde et le développe en une conversation à voix haute, mettant les auditeurs au défi de s’y mêler, puis d’en sortir. Le son est glacial, le paysage dénudé. J’ai moi-même à peine osé bouger jusqu’à ce que ce soit terminé. Peter Herresthal est un soliste captivant; il enchaîne avec une œuvre un peu plus ancienne de Mazzoli, Vespers, pour violon solo et bande sonore électronique.
Orpheus Undone (2021) est ouvertement dramatique. Cette commande de l’Orchestre symphonique de Chicago est un arrêt sur image de l’instant suivant la mort d’Eurydice, puis un récit orchestral prolongé sur 15 minutes sans que l’auditeur perde une nanoseconde de sa concentration. Je ne suis pas sûr que je reconnaîtrais la voix de Mazzoli si je l’entendais les yeux bandés, mais il n’y a aucun doute dans mon esprit quant à ses réalisations ou à son positionnement parmi les compositeurs importants de sa génération. Comment les grandes étiquettes ont-elles pu l’ignorer ?
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