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Chandos4
Ce que les petites maisons de disques font le mieux, c’est soutenir les intuitions de leur propriétaire. BIS à Stockholm a produit des symphonies d’Alfred Schnittke alors qu’il était inconnu en dehors de la Russie. Hyperion, dans le sud de Londres, a ressuscité des concertos pour piano du 19e siècle. Cedille, à Chicago, soutient les compositeurs américains les plus inattendus. L’ECM de Manfred Eicher à Munich est le moteur d’Arvo Pärt, de Giya Kancheli et de Chick Corea. Ces étiquettes règnent souvent sur l’enregistrement classique.
Nous devons la redécouverte de Mieczyslaw Weinberg, réfugié polonais en Russie soviétique, à une équipe père-fils de Colchester, en Angleterre, opérant à partir d’une unité d’enregistrement mobile. Leur société, Chandos, a publié son premier enregistrement de Weinberg au tournant du siècle et n’a guère fait de pause depuis. Une intégrale des 26 symphonies a été interrompue, mais les 17 quatuors à cordes sont en voie d’achèvement entre les mains du Quatuor Arcadia, établi à Bucarest.
Le sixième quatuor, de 1946, est l’un des plus longs et des plus passionnants. Inédit pendant six décennies, il résume les émotions mitigées du compositeur face à la fin de la guerre et au renouveau de la terreur soviétique. Une Action de grâce tranquille dédiée à la paix est interrompue par des ordres grinçants et des allusions à la brutalité. Weinberg dramatise peut-être trop les premier et sixième mouvements, mais il y a toujours une nouvelle demi-mélodie pour titiller l’oreille et une promesse de survie. Le finale est d’une beauté exceptionnelle.
Les Arcadiens sont de bons musiciens. S’ils exagèrent légèrement la colère brute de cette musique, leur passion est atténuée par une intuition profonde des ambiguïtés du compositeur. J’en apprends davantage à chaque écoute. Le courage de la famille Couzens chez Chandos mérite une médaille. Elle a récemment vendu la société au fondateur de Naxos, Klaus Heymann.
Traduction par Andréanne Venne
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