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Somm4
La mort du compositeur Alexander Goehr en août dernier a rappelé aux nécrologues les contributions vitales à la culture britannique insulaire de son père Walter Goehr, réfugié. Walter a travaillé comme chef d’orchestre pour EMI et pour l’un des orchestres les plus faibles de la BBC. On se souvient surtout de lui pour avoir donné en 1953 la première britannique de la Turangalîla Symphonie d’Olivier Messiaen, mais il a également introduit toute une série de nouveautés, de Monteverdi à Mahler, de Schoenberg et Stravinski à Britten et Tippett.
Le premier choc que l’on ressent en entendant Das klagende Lied et la quatrième symphonie est l’intuition avec laquelle il saisit les pauses imprévisibles et les changements de rythme de Mahler. Il fait sonner le Klagende Lied comme une œuvre de pleine maturité, ses anticipations des deuxième et huitième symphonies étant tout à fait évidentes. L’inconnue Joan Sutherland est entendue ici dans son seul enregistrement connu d’une œuvre de Mahler. Les autres solistes sont Norma Proctor et Peter Pears, avec la Goldsmiths Choral Union et le London Symphony Orchestra. Je ne pense pas avoir jamais entendu une interprétation plus idiomatique ou plus indispensable de cette partition imparfaite.
L’interprétation en studio de la Symphonie no 4 par Goehr avec la soliste Teresa Stich-Randall, dans le cycle Mahler de 1960 de la BBC, adopte une approche moins laconique que d’autres mahlériens, trouvant le côté plus sombre du mouvement lent et l’aspect plus folklorique du finale. Éclipsé par des personnalités plus importantes du renouveau mahlérien, ce cycle n’a pas réussi à sortir Goehr de son obscurité relative. Il mourut cette année-là, à l’âge de 57 ans, après un concert du Messie de Haendel à Sheffield. Cet admirable album de l’étiquette Somm est complété par un morceau de 1948 de la dixième de Mahler dirigée par Hermann Scherchen.
Les enregistrements néerlandais de Willem Mengelberg, publiés par une société qui porte son nom, ne sont pas moins essentiels pour les amateurs de Mahler, bien qu’ils soient connus grâce à des rééditions antérieures. Mengelberg a enregistré l’Adagietto de la Symphonie no 5, le plus rapide de tous les temps, en sept minutes, ainsi que l’ouverture la plus folle de la Symphonie no 4, à côté de laquelle Goehr semble à moitié endormi. Il y a aussi un concert de novembre 1939 de mélodies des Lieder eines
fahrenden Gesellen, avec Hitler frappant à la porte. Irrésistible.
Traduction par A. Venne
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