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BR Klassik5
La Symphonie no 7 a été la plus incomprise des symphonies de Mahler et la dernière enregistrée. Bruno Walter, le plus fidèle apôtre de Mahler, ne l’a jamais exécutée. Otto Klemperer, le second, l’a étirée de 20 minutes. À 75 minutes, la patience des auditeurs est mise à rude épreuve.
La symphonie comporte cinq mouvements, deux d’entre eux étant qualifiés de « musique de nuit », mais pas au sens mozartien. La partition prévoit un cor ténor, des sonnailles, une guitare et une mandoline. Arnold Schönberg a perçu dans ces teintes rappelant Klimt la palette fondamentale du modernisme et a repris les deux derniers mouvements dans sa Sérénade, op. 24, qui marqua un tournant. Hermann Scherchen, qui a réalisé le premier enregistrement de la 7e de Mahler en 1953, a été tellement insatisfait du résultat qu’il en a publié quatre autres.
Aucun des principaux mahlériens ne saisit vraiment son essence. Les enregistrements de Leonard Bernstein sont épisodiques, Rafael Kubelík est trop pastoral, Bernard Haitink trop neutre. La sauvagerie de Klaus Tennstedt est toujours merveilleuse, bien que légèrement incohérente. Abbado et Chailly voguent entre deux eaux. Les disques de Simon Rattle avec Birmingham, le LSO et le Philharmonique de Berlin sont parfois un peu lourds alors qu’ils devraient être dansants.
Son dernier enregistrement à la balaie toutes ces réserves. Munich est depuis longtemps un refuge pour les musiciens tchèques qui poussent la mesure jusqu’au bord du précipice. Leur chef partage cette propension à prendre des virages risqués. Le résultat est un concert qui parcourt le pays de Mahler avec un ravissement scénique et une certaine délectation. La première musique de nuit ne ressemble plus à une publicité d’huile à moteur et la deuxième est structurée par un solo de violon à la fois séduisant et lucide : ce paysage ne durera pas éternellement. Le finale se paie simplement du bon temps, sans motif plus profond.
L’architecture de la symphonie semble tout à fait correcte, pour une fois, et la qualité de l’interprétation, exquise. Vous ne trouverez nulle part au rayon du disque une 7e de Mahler plus satisfaisante. Elle est devenue ma référence personnelle. Faites-en la vôtre.
Traduction : A. Venne
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