L’Hebdo Lebrecht | La musique expressionniste d’Arnold Schönberg (Orchid)

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Je n’ai aucun problème avec l’impressionnisme : ce que les artistes français font quand ils n’ont rien à faire de leurs dix doigts et ce que les compositeurs français font au lieu de se tourner les pouces. Tellement Debussy, tellement facile à reconnaître.

L’expressionnisme est une toute autre affaire. Mouvement parallèle des poètes et des peintres du début du 20e siècle qui aimaient s’épandre, il a été associé en musique principalement à Schönberg et à ses disciples, trois des compositeurs les plus coincés que l’on puisse croiser. Ce mouvement est censé transmettre des « sentiments puissants », comme si Bach et Haendel n’avaient pas fait mieux. Les peintures de Schönberg ont également été jugées « expressionnistes ».

Les œuvres de cet album sont presque entièrement tirées de la première production de Schönberg, avant qu’il franchisse le pas de l’atonalité. Loin d’anticiper son futur monodrame du même nom, Erwartung (opus 2/1) sonne comme un lied que Richard Strauss aurait pu écrire un après-midi dans son jardin entre le dîner et le thé. Hochzeitslied (Chanson de mariage, opus 3/4) aurait pu être de Brahms et une Mädchenlied (Chant de jeune fille, opus 6/3) aurait pu être de Mahler. Mais le choc de Schenk mir (opus 2/2) nous plonge dans l’univers solitaire et unique d’un homme qui a appris à écrire la musique tout seul et qui a décidé de le faire différemment.

Deux chants de l’opus 48 montrent à quel point Schönberg s’était éloigné de la normalité viennoise. Atonaux ou en 12 tons, ils évoquent l’éternelle beauté tragique des champs de bataille de la guerre mondiale. Jane Grey, en revanche, évoque les sauvageries de la cour des Tudors en Angleterre.

Claire Booth fait briller chaque chanson, trouvant la beauté dans des phrases improbables. Christopher Glynn fait preuve d’empathie, ajoutant quelques-unes des Six petites pièces pour piano de Schönberg en guise de contexte et pour alléger l’atmosphère. Cet album, pris à petites doses distribuées matin et soir, fera la parfaite fin de journée musicale de toute personne réfléchie.

Traduction par Andréanne Venne

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A propos de l'auteur

Norman Lebrecht is a prolific writer on music and cultural affairs. His blog, Slipped Disc, is one of the most popular sites for cultural news. He presents The Lebrecht Interview on BBC Radio 3 and is a contributor to several publications, including the Wall Street Journal and The Standpoint. Visit every Friday for his weekly CD review // Norman Lebrecht est un rédacteur prolifique couvrant les événements musicaux et Slipped Disc, est un des plus populaires sites de nouvelles culturelles. Il anime The Lebrecht Interview sur la BBC Radio 3 et collabore à plusieurs publications, dont The Wall Street Journal et The Standpoint. Vous pouvez lire ses critiques de disques chaque vendredi.

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