This page is also available in / Cette page est également disponible en: English (Anglais)
-
Avie4
Quand Georg Friederic Haendel vivait à Londres dans la première moitié du XVIIIe siècle, il n’y avait pas grand-chose à faire après un concert et un compositeur pouvait s’étendre aussi longtemps qu’il le souhaitait. La propension de Haendel à la longueur démesurée a été tolérée pendant quelques décennies, mais le contrecoup l’a rattrapé en avril 1739 lorsque le deuxième de ses oratorios bibliques dramatiques est tombé à plat, les aristocrates se plaignant qu’il était trop long et statique. C’était en partie injuste.
Haendel avait cessé d’écrire des opéras lorsque les classes aisées avaient commencé à engager des Italiens pour faire mieux, supposément. Privé de revenus, Haendel se tourna vers les oratorios bibliques et composa l’une de ses œuvres les plus touchantes et les plus captivantes, Israël en Égypte. La première partie décrivant le deuil de l’Égypte à la mort de Joseph était une introduction fastidieuse qui sapait le drame de l’Exode et de la traversée de la mer Rouge. Haendel, toujours attentif aux forces du marché, apporta des modifications à son récit, mais l’oratorio resta tronqué et continua à souffrir de la réception négative qu’il avait reçue à l’origine.
Dans la présente version, Jeannette Sorrell, pionnière des instruments d’époque, a procédé à une série de coupes judicieuses dans le manuscrit, tout en conservant la structure intacte. Son intervention éditoriale, associée à des tempos assez frénétiques, permet à l’oratorio de continuer à galoper. Le résultat est une édition de 74 minutes, pleine de péripéties et de couleurs, qui ne s’essouffle jamais.
Sorrell conserve la complainte controversée de Joseph, mais sa concision est intelligente et son ensemble Apollo’s Fire et ses chanteurs sont férocement engagés. J’ai particulièrement apprécié le contre-ténor Daniel Moody et la trompette baroque Steven Marquardt. Sorrell elle-même est une présence singulière, traçant sa propre voie dans un Cleveland défraîchi et montrant qu’il y a de la place dans une ville post-industrielle pour deux orchestres de classe mondiale jouant dans des styles très différents.
Cette production immaculée devient automatiquement ma version préférée d’Israël en Égypte, une œuvre qui précède le Messie de deux ans et en contient de nombreux germes. À la fin, on peut presque entendre le Messie rôder dans les coulisses, tandis que Haendel récupère les recettes de la billetterie et les dépose dans un coffre-fort personnel que la Banque d’Angleterre a gardé ouvert spécialement à cet effet. Cette célébration de la rédemption doit être plus largement jouée, surtout par les temps qui courent.
This page is also available in / Cette page est également disponible en: English (Anglais)