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Naxos4
Si son concerto pour violon vous a amené à vous attendre à de jolis airs et à des cordes moelleuses, vous risquez d’être déçu par les trois quatuors, écrits à dix ans d’intervalle au cours d’une carrière qui a commencé dans la Vienne de Mahler et s’est achevée dans les Pacific Palisades.
Le premier quatuor de 1923, en plein succès de l’opéra de Korngold avec La Ville morte, a une ouverture atonale qui pourrait être destinée au congrès annuel de la Société internationale de musique contemporaine. Après avoir été créée à Vienne par le quatuor d’Arnold Rosé, beau-frère de Mahler, la nouvelle œuvre a été jouée à l’SIMC par un quatuor dirigé par le beau-frère d’Arnold Schoenberg, Rudolf Kolisch. On ne peut faire mieux en matière de modernisme. Mais une fois que le compositeur a surmonté sa crispation atonale, il passe du lyrisme à quelque chose qui ressemble à la Nuit transfigurée de Schoenberg, cherchant à la fois la reconnaissance publique et l’approbation intellectuelle. On ne lui a jamais dit qu’on ne pouvait pas tout avoir ?
Le deuxième quatuor, écrit pendant la montée au pouvoir d’Hitler et présenté à nouveau par le Rosé, est légèrement inquiétant jusqu’au moment où le compositeur ne peut résister à un air gai, qu’il soit pertinent ou non. Le deuxième mouvement suggère une soirée joyeuse avec Johannes Brahms, le larghetto est plein de regrets et la valse finale est semi-ironique, bien qu’elle ne soit pas aussi acerbe que celle de Ravel.
Le troisième quatuor, dédié à son compatriote Bruno Walter, exilé à Hollywood, a été créé en 1946. Redevenu le meilleur compositeur de films au monde, Korngold exprime dans ce quatuor sa nostalgie d’un monde d’autrefois qu’il ne reverra plus jamais. Le troisième mouvement, de type folk, est empreint de douleur, parfaitement équilibrée entre les quatre instruments. Le Quatuor Tippett joue avec assurance et passion. Je suis partagé entre leur lecture et un enregistrement précédent sur Chandos du Quatuor Doric. Tout compte fait, celui-ci semble mieux saisir la recherche proustienne du temps passé. Elle est émouvante et sans artifice.
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