L’Hebdo Lebrecht | Les symphonies d’Elgar reçoivent une cure de rajeunissement par Hallé et Oehms

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Il fut un temps où je ne pouvais passer un mois sans faire l’expérience de la musique d’Elgar : si anglaise, si rassurante, et si représentative des frustrations et des aspirations d’un jeune homme. De nos jours, on entend beaucoup moins Elgar et je n’ai aucune idée vers où se tourner pour trouver du réconfort instantané. La sortie dans la même semaine de deux ensembles du compositeur est à la fois encourageante et stimulante : pourrait-il y avoir deux approches d’Elgar dans un siècle de régression culturelle ?

Mark Elder, qui dirige les deux symphonies, boucle un quart de siècle à la barre du Hallé Orchestra. Ce dernier doit son ADN à Hans Richter, le wagnérien qui a donné à Elgar sa place au panthéon. L’orchestre, elgarien jusqu’à la moelle, est porté par Elder depuis 1999.

Une telle familiarité peut engendrer bien des choses, mais dans la musique d’Elgar, elle génère l’intuition. C’est du Elgar à l’ancienne : des scones cuits à la main, plutôt que des emballages de supermarché. Il y a des moments dans la première symphonie que l’on pourrait accélérer un peu. L’Adagio est peut-être un peu trop mahlérien, mais dans l’ensemble, il s’agit d’un Elgar serein et superbe − impérieux, pourrait-on dire, si l’adjectif n’avait pris des connotations négatives.

Alexander Soddy, chef d’orchestre britannique qui dirige le théâtre national de Mannheim, en Allemagne, apporte un correctif immédiat. Soddy est vif, rapide et propulsif jusqu’à l’impatience. Il retranche trois minutes du premier mouvement et fait passer l’Adagio à un pas de danse trottinant.

L’orchestre de Mannheim se démarque dans tous les aspects et l’exécution est presque palpitante − véritablement revigorante. Il vous faudra peut-être faire une écoute comparative entre Mannheim et Manchester pour obtenir un effet de contraste complet, mais vous ne devez en aucun cas manquer cette interprétation allemande de l’heure du thé.

Elder est merveilleusement à l’aise dans la deuxième symphonie, une œuvre que le Hallé a jouée pour la première fois sous la direction d’Elgar lui-même. Les cuivres de l’orchestre s’en donnent à cœur joie et les cordes graves brisent les cœurs dans le Larghetto. La deuxième symphonie a besoin de beaucoup plus d’amour que la première, et c’est ce qu’elle reçoit ici. Interrogez le web et vous trouverez peut-être l’interprétation révélatrice de Kirill Petrenko en 2009 avec l’Orchestre philharmonique de Berlin. Il s’agit d’une symphonie pour connaisseurs. Vous ne pourrez bientôt plus vous en passer.

Traduction par Andréanne Venne

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A propos de l'auteur

Norman Lebrecht is a prolific writer on music and cultural affairs. His blog, Slipped Disc, is one of the most popular sites for cultural news. He presents The Lebrecht Interview on BBC Radio 3 and is a contributor to several publications, including the Wall Street Journal and The Standpoint. Visit every Friday for his weekly CD review // Norman Lebrecht est un rédacteur prolifique couvrant les événements musicaux et Slipped Disc, est un des plus populaires sites de nouvelles culturelles. Il anime The Lebrecht Interview sur la BBC Radio 3 et collabore à plusieurs publications, dont The Wall Street Journal et The Standpoint. Vous pouvez lire ses critiques de disques chaque vendredi.

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