L’Hebdo Lebrecht | Diyang Mei joue les concertos pour alto de Bowen et Walton comme Heifetz en patins à roulettes

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Il est tout à fait scandaleux qu’aucun concerto pour alto et orchestre ne soit entré dans le répertoire standard des concertos. Il existe au moins cinquante concertos pour violon qui sont régulièrement joués et une demi-douzaine de concertos pour violoncelle et orchestre. Pourtant, parmi une pléthore de concertos pour alto écrits par de bons compositeurs – d’Arnold à Bartók, de Schnittke à John Williams –, aucun n’a la moindre chance d’attirer l’attention du public. Dans n’importe quel autre domaine, cela serait considéré comme une discrimination illégale.

Diyang MeiLa présente publication ouvre les oreilles de manière éblouissante. York Bowen, un peu plus jeune que Ralph Vaughan Williams, était un garçon timide qui s’est tenu à l’écart de la renaissance musicale anglaise du tournant du siècle. Son concerto pour alto, écrit pour le virtuose Lionel Tertis, a été créé dans la bonne humeur en 1908, suivi d’une audition aux États-Unis, avant huit décennies de silence. L’interprétation actuelle de Diyang Mei, alto solo de l’Orchestre philharmonique de Berlin, est une éclatante boîte de chocolat mélodique. Des moments d’embrassades de salon se mêlent à ce que l’on pourrait facilement confondre avec un film de cow-boys hollywoodien, si ce n’est que le phénomène est apparu quelques décennies plus tard. C’est une musique qui ne se prend pas au sérieux ni ne prend ses auditeurs au sérieux, et Diyang Mei la joue comme Heifetz en patins à roulettes. Quelqu’un devrait en parler à Kirill Petrenko, le chef de l’Orchestre philharmonique de Berlin; j’ai la forte impression qu’il l’aimerait.

Le concerto pour alto de Walton, également écrit pour Tertis, est une œuvre assez ancienne, de 1929. Tertis la trouvait « trop moderne » et Paul Hindemith l’a joué en première. Il comporte des moments précieux d’ambiance pastorale anglaise, sans rien de la nervosité de son époque et de son lieu, mais n’atteint pas le concerto pour violon que Walton écrira pour Heifetz, ni le concerto pour violoncelle écrit pour Piatigorsky. Le concerto vaut néanmoins la peine d’être écouté, ne serait-ce que pour l’air de basson du finale. Brett Dean, lui-même ancien altiste et compositeur berlinois, dirige l’excellente Deutsche Philharmonie avec un prosélytisme contagieux. L’humble alto doit recevoir tous les éloges qui lui sont dus.

Traduction par A. Venne

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A propos de l'auteur

Norman Lebrecht is a prolific writer on music and cultural affairs. His blog, Slipped Disc, is one of the most popular sites for cultural news. He presents The Lebrecht Interview on BBC Radio 3 and is a contributor to several publications, including the Wall Street Journal and The Standpoint. Visit every Friday for his weekly CD review // Norman Lebrecht est un rédacteur prolifique couvrant les événements musicaux et Slipped Disc, est un des plus populaires sites de nouvelles culturelles. Il anime The Lebrecht Interview sur la BBC Radio 3 et collabore à plusieurs publications, dont The Wall Street Journal et The Standpoint. Vous pouvez lire ses critiques de disques chaque vendredi.

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