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Hyperion3
Les compositeurs allemands ne savent pas s’amuser. Il suffit de penser à la Plaisanterie musicale de Mozart ou aux moqueries de Beethoven sur l’embonpoint du violoniste Schuppanzigh. Ce n’est pas drôle du tout. Sans parler de Schumann et de Brahms, ou des piètres plaisanteries anti-critiques de Wagner, Mahler et Richard Strauss.
C’est donc dans un état d’esprit méfiant que j’ai abordé cet album de morceaux inconnus pour plusieurs pianos et orchestre de Mendelssohn, Moscheles, Schubert et Liszt. Le jeu à quatre mains est habituellement l’occasion pour les musiciens d’échanger des plaisanteries. Est-ce une heure d’écoute amusante ? Presque.
La première pièce, écrite par Mendelssohn et son ami Ignaz Moscheles, a été composée pour un gala de charité londonien, et vous pouvez imaginer le genre d’événement, rempli de cravates noires et de décolletés. L’œuvre reprend un thème du très sérieux Carl Maria von Weber et le transforme en un jeu festif, une sorte de chaises musicales pour compositeurs désœuvrés. Lorsque le thème s’épuise, le duo comique joue de petits motifs autour de l’incapacité des Allemands constipés à terminer un morceau. Un Grand Duo de Moscheles, qu’il a écrit tout seul, montre pourquoi sa grandiose réputation s’est éteinte environ dix minutes après lui.
Franz Liszt, probablement le plus grand propagateur musical que le monde ait jamais connu, est tombé amoureux de la Fantaisie en ut majeur pour piano solo de Schubert et l’a transformée en une version pour piano et orchestre. Le pianiste israélien Alexander Tamir en a fait une version pour deux pianos et orchestre. L’effort en vaut la chandelle, car cette version est pleine de musicalité et d’apartés inattendus. Au XIXe siècle, un certain Ernest Pauer a transformé deux marches de Schubert en une suite pour piano à huit mains. Le son doit être insupportable sur scène, mais si l’on règle le volume dans son salon, ça fonctionne plutôt bien.
Les pianistes figurant sur cet album sont membres de l’ensemble israélien Multipiano. Les Planètes pour pianos et percussions de Holst constitue le point fort de leur tournée. Et j’aimerais bien entendre ça.
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Traduction : A. Venne
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