L’Hebdo Lebrecht | David Oïstrakh : l’édition rematricée de Warner (58 CD, 3 DVD)

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Qu’ai-je fait de ma semaine ? Je l’ai passée à piller le cercueil de l’un des violonistes les plus captivants de l’histoire. David Oïstrakh, né à Odessa (donc Juif ukrainien plutôt que russe), a donné le ton au violon à l’époque soviétique. Non seulement dans ses propres interprétations, mais aussi dans celles de ses élèves moscovites, parmi lesquels Oleg Kagan, Gidon Kremer, Lydia Mordkovitch, Nina Belina, Stoïka Milanova, Rimma Sushanskaya et bien d’autres, sans oublier son propre fils, Igor, qui s’est distingué.

En maintenant un individualisme distinctif dans un État autoritaire, il a enseigné aux jeunes musiciens à trouver leur propre voie d’interprétation à travers les significations variables d’une œuvre musicale. Envoyé en tournée à partir de la fin des années 1950, il a été une révélation pour le public occidental, las d’une virtuosité creuse.

La compilation comprend des enregistrements commerciaux pour la défunte étiquette EMI et des bandes radiophoniques provenant des archives russes. Certaines de ces dernières sont presque inécoutables. Un concerto de Tchaïkovski de 1938 semble avoir été enregistré sur du papier abrasif; il est inclus parce qu’Oïstrakh joue un passage qui n’apparaît sur aucune partition imprimée – une inspiration personnelle rapidement reprise par tous les autres. Tout inconfort sonore est immédiatement atténué par une Sérénade mélancolique de 1954, dirigée par Kirill Kondrachine, dans laquelle l’humanité d’Oïstrakh pourrait faire fondre le cœur de l’apparatchik le plus impassible.

Je vais éluder la moitié de ce que j’ai entendu, mais il y a un concerto de Hindemith auquel Oïstrakh insuffle la vie, une floraison de Mozart où il danse jusqu’au bout de la nuit et les deux concertos de Prokofiev où il est inattaquable. Le triple concerto de Beethoven existe en deux versions – la célèbre version de Berlin avec Richter, Rostropovitch et Karajan, et celle de 1958, dirigée par Malcolm Sargent, avec le Philharmonia Orchestra et les modestes Lev Oborine et Sviatoslav Knouchevitski, un chef-d’œuvre de communication délicate.

Je m’arrête souvent à réfléchir sur l’efficacité des chefs d’orchestre non reconnus d’EMI – Alceo Galliera, André Cluytens, Jean Martinon, Nikolaï Malko, Sixten Ehrling. Il y a tant à apprendre de ces maîtres. Et puis il y a George Szell et Otto Klemperer, à ne pas manquer dans deux approches très différentes du concerto de Brahms.

Je n’ai pas l’espace pour parler d’une douzaine de compositeurs soviétiques merveilleusement obscurs et d’une pléthore de musique de chambre magnifique, y compris l’octuor de Schubert… Je suppose que c’est le reste de mes fêtes de fin d’année qui s’est envolé et, par-dessus le marché, la moitié de mon budget pour les cadeaux. Qu’à cela ne tienne, Oïstrakh, décédé en 1974, prend vie dans ce lourd coffret et la révélation est toujours aussi fascinante.

Traduction par A. Venne

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A propos de l'auteur

Norman Lebrecht is a prolific writer on music and cultural affairs. His blog, Slipped Disc, is one of the most popular sites for cultural news. He presents The Lebrecht Interview on BBC Radio 3 and is a contributor to several publications, including the Wall Street Journal and The Standpoint. Visit every Friday for his weekly CD review // Norman Lebrecht est un rédacteur prolifique couvrant les événements musicaux et Slipped Disc, est un des plus populaires sites de nouvelles culturelles. Il anime The Lebrecht Interview sur la BBC Radio 3 et collabore à plusieurs publications, dont The Wall Street Journal et The Standpoint. Vous pouvez lire ses critiques de disques chaque vendredi.

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