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Alpha Classics4
Le bicentenaire du plus grand compositeur belge vient de se terminer sans que sa réputation morose subisse de changement tangible. Lorsque j’étais enfant, les grands chefs d’orchestre se disputaient l’interprétation de la Symphonie en ré mineur de Franck. Ses points culminants étaient des succès garantis et les interprètes de ses Variations symphoniques pour piano et orchestre ne manquaient pas. Aujourd’hui, elles prennent la poussière.
La Symphonie en ré mineur est une œuvre tardive. Franck avait 66 ans au moment de sa création à Paris en 1889 et il était vénéré en tant qu’organiste de Sainte-Clotilde et professeur de composition au Conservatoire, où il comptait parmi ses élèves Chausson et D’Indy.
Cette symphonie n’avait rien de sacré ou d’académique. Au contraire, elle a été décriée comme étant trop sensuelle et mélodramatique, notamment par la femme du compositeur. Quelques mois après la première, le taxi dans lequel Franck se trouvait a été percuté par un autre véhicule hippomobile, lui causant un traumatisme crânien. Il est mort l’année suivante, probablement d’une pneumonie.
Même si je vénère les vieux disques dorés de Beecham, Karajan et Klemperer, ce nouvel enregistrement de la symphonie par Alain Altinoglu et l’Orchestre de la Radio de Francfort présente les avantages d’un son immaculé et d’une réticence moderne à s’attarder sur les arpèges des harpistes. D’une ligne simple, cette lecture de 35 minutes fait son travail et laisse les cuivres envoyer valser les vieux souvenirs.
Deux autres œuvres de Franck − la Symphonie-poème de la Rédemption (1872) et le poème symphonique Le chasseur maudit (1882) − sont traitées ici sans trop de remous. L’album repose sur la Symphonie en ré mineur et, après quelques écoutes, je dirais qu’il se tient plutôt bien. Altinoglu a une maîtrise admirable du tempo et ne succombe jamais à la tentation du bruit (toujours un risque dans les dynamiques de Franck). Cette symphonie en ré mineur n’est pas aussi importante que celles de Brahms et Bruckner, mais c’est un jalon majeur dans cette voie et j’aimerais qu’on l’entende plus souvent de nos jours en concert. Après deux écoutes, vous trouverez le thème principal plus difficile à extraire de vos oreilles que du cérumen.
NL
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