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Delphian4
Je n’ai jamais aimé les blagues sur l’alto.
Ce n’est pas parce que l’instrument est un entre-deux qu’il est plus drôle qu’une mezzo-soprano ou un baryton-basse. Il est ce qu’il est, avec ses avantages. L’alto vous épargne les irritations grinçantes d’un violon et les grognements lugubres d’un violoncelle malmené. J’aime l’alto. Voilà, c’est dit.
Ce qui fait la particularité de ce disque, c’est le menu éclectique élaboré par un jeune Jamaïcain-Américain, Jordan Bak, qui a manifestement le vent en poupe. Bak commence par un chant de Jonathan Harvey, d’une durée de trois minutes, qui oscille entre contemplation tonale et post-tonale. Une romance de Ralph Vaughan Williams, découverte dans des documents posthumes, est exactement ce dont j’ai besoin en ces temps tumultueux.
Bright Sheng réimagine un chant populaire de Chine du Sud qui raconte l’histoire d’une femme qui s’ennuie de son amant au clair de lune. Le morceau,The Stream Flows, est très imagé. Augusta Read Thomas a réalisé plusieurs versions alternatives de son succès 2018 Song Without Words. La version originale à l’alto reste la meilleure.
Les deux pièces les plus substantielles et les plus somptueuses de l’album sont de compositeurs britanniques. La sonate pour alto d’Arnold Bax, de 1922, est massivement mélodieuse, ondulant avec des airs qui semblent à moitié mémorisés et qui pourraient même être originaux. Imaginez Copland et Holst se promenant à la campagne. Le final est très satisfaisant.
Lachrymae : Reflections on a song of Dowland de Benjamin Britten est une œuvre à la fois trompeuse et révélatrice. Britten n’utilise que la première phrase de la chanson de Dowland, mais il s’imprègne tellement de la vision doloriste du compositeur des Tudor que les deux compositeurs se sentent comme des frères à travers deux époques élisabéthaines. L’érudition de Britten, son élégance, son inspiration en matière d’improvisation propulsent cette pièce comme un camion fou. Bak est suffisamment compétent pour maîtriser la situation, et même plus. Son pianiste, Richard Uttley, fait preuve d’une empathie audacieuse. Si vous n’aimez pas l’alto, vous l’aimerez après avoir entendu ce morceau.
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