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SOMM4
Certains jours, seul Elgar fait l’affaire. Alors que les nuages et la politique sont à leur plus bas, un bain de couleur orchestrale elgarienne apaise la morosité existentielle comme aucun autre palliatif. La première symphonie est un véritable cri de ralliement, tandis que la seconde encourage plus subtilement. Elgar fait toujours mon affaire.
Cet extraordinaire double album, intitulé Boult’s Elgar, rassemble des enregistrements inédits du jeune ami du compositeur, sir Adrian Boult. Les notes de pochette sont signées Nigel Simeone, dont le dernier livre, Edward Elgar and Adrian Boult, retrace cette amitié interrompue pendant sept ans par Elgar en raison d’une mésentente. L’album et le livre sont tous deux indispensables aux amateurs d’Elgar et très instructifs pour quiconque aime la musique.
Boult, disciple du chef hongrois Artur Nikisch, maniait une baguette longue et parlait très peu. L’industrie du disque le considérait comme peu charismatique, ce qui explique en partie pourquoi ces enregistrements phénoménaux n’ont jamais paru sur disque.
En 1963, à 75 ans, Boult a enregistré la Symphonie no 2, vieille d’un demi-siècle, avec un orchestre de la BBC sur une étiquette écossaise. L’interprétation, loin d’être tendrement nostalgique, est d’un rythme tendu et d’une grande finesse. Là où Elgar semble parfois dormir sur ses lauriers, Boult relève une anticipation subliminale des dangers à venir. La tension dramatique est incisive. Je n’ai jamais entendu une exécution aussi proche du compositeur et de son univers.
Une interprétation de mars 1944 de l’ouverture de concert In the South par la BBC n’est pas moins évocatrice. Le Sud d’Elgar est l’Italie que les forces britanniques combattaient pour la libérer du fascisme, et cela s’entend dans la musique. Le second disque contient une multitude de mélodies et, surtout, un entretien de Boult avec la fille d’Elgar, Carice, ainsi qu’une conversation avec sir Adrian lui-même. Je répète : indispensable.
Traduction : A. Venne
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