L’Hebdo Lebrecht | Beethoven : Neuf symphonies + Sir Neville Marriner (Decca)

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Le chef d’orchestre sir Neville Marriner, qui aurait eu 100 ans le mois prochain, avait 16 ans lorsqu’il a été appelé à se joindre aux violons de l’Orchestre symphonique de Londres au début de la Seconde Guerre mondiale. Il a joué aux Proms avec Henry Wood et, après la guerre, dans des concerts sous la direction de Toscanini, Furtwängler, Karajan, Klemperer, Britten et Pierre Monteux. Ce dernier avait déclaré qu’il ferait un bon chef d’orchestre. La direction d’orchestre est largement confondue avec l’imitation et la communication. Marriner a appris des meilleurs.

D’une approche pratique en répétition et discrète le soir venu, il était sous-estimé par les critiques qui attendaient de grands gestes pour récompenser leur présence. Les musiciens, en revanche, reconnaissaient en lui un collègue d’une sensibilité hors du commun et d’une humanité sans faille. La présente série de symphonies de Beethoven des années 1980 est la preuve de cette rare combinaison de style personnel et de réceptivité.

Avec l’Academy of St Martin in the Fields, un groupe de musiciens mécontents des autres orchestres londoniens, Marriner a pratiqué la démocratie active et réalisé un bon compromis entre l’esbroufe des grands orchestres et les théories sur les instruments d’époque qui ont dominé le milieu à partir des années 1950. Écoutez son interprétation de l’« Eroica » et vous constaterez une absence rafraîchissante de direction dogmatique, le sens de la musique émergeant organiquement de la logique des notes. La Symphonie no 4 est, à mon avis, d’un lyrisme inégalé. L’absence de grandiloquence dans la Symphonie no 5 est tout à fait rafraîchissante. La Septième danse comme un bal à l’ancienne dans une ville banale. Si vous voulez de la folie de maestro, allez voir ailleurs. Il s’agit d’un ensemble Beethoven à garder à portée de main, avec lequel montrer à ses amis comment une phrase délicate devrait idéalement se dérouler.

 

Si cela ne vous fait pas passer à l’achat, le coffret contient deux interprétations du Concerto pour violon, l’une par Iona Brown, associée proche de Marriner et premier violon, et l’autre par le jeune Gidon Kremer, qui joue la cadence outrageusement assemblée par le dissident soviétique Alfred Schnittke − si outrageusement que je pense qu’il s’agit de sa première apparition sur disque. Vous aurez besoin de vos dix doigts pour compter la multitude de grands concertos auxquels Schnittke fait référence.  Ce coffret Beethoven n’est pas pour Noël. C’est pour la vie.

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A propos de l'auteur

Norman Lebrecht is a prolific writer on music and cultural affairs. His blog, Slipped Disc, is one of the most popular sites for cultural news. He presents The Lebrecht Interview on BBC Radio 3 and is a contributor to several publications, including the Wall Street Journal and The Standpoint. Visit every Friday for his weekly CD review // Norman Lebrecht est un rédacteur prolifique couvrant les événements musicaux et Slipped Disc, est un des plus populaires sites de nouvelles culturelles. Il anime The Lebrecht Interview sur la BBC Radio 3 et collabore à plusieurs publications, dont The Wall Street Journal et The Standpoint. Vous pouvez lire ses critiques de disques chaque vendredi.

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