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Deutsche Grammophon4
Cet album étrangement déséquilibré s’ouvre sur une interprétation en direct du premier concerto pour piano de Beethoven et se poursuit avec des morceaux solos bas de gamme, dont certains sont d’un niveau de difficulté digne de la maternelle. On ne trouve aucune explication dans le livret glacé.
Pour comprendre ce qui se passe réellement, il faut se plonger dans l’histoire d’Alice Sara Ott, la soliste germano-japonaise qui, il y a quatre ans, a fait savoir qu’elle était atteinte de sclérose en plaques, une maladie dégénérative. En signe de sympathie et de solidarité, sa maison de disques a discrètement rassemblé ses inédits, tandis qu’Alice continue d’améliorer sa réputation sur scène dès qu’elle le peut. La semaine dernière, par exemple, a été une bonne semaine ; elle a joué le tonitruant concerto de Grieg à Lille, en France, et reçu un accueil formidable. À 35 ans, Alice est l’exacte contemporaine de Yuja Wang et compte parmi les interprètes les plus intéressantes de sa génération.
Cet album ne déçoit pas. Le concerto scintille de feu et de glace dans les passages solos, s’insérant entre les passages de grandiloquence orchestrale qui préfigurent les symphonies de Beethoven. Karina Canellakis dirige l’Orchestre philharmonique de la Radio néerlandaise avec un équilibre admirable, laissant la soliste présenter un contraste contemplatif avec l’agitation, notamment dans le Largo central.
Alice enchaîne avec une lecture solitaire de la Sonate au clair de lune, introspective et scintillante comme un saumon somnambule en migration atlantique. On ne comprend pas pourquoi elle a ensuite ressenti le besoin de jouer la banale Für Elise, mais elle le fait avec un éclat laconique qui contraste ironiquement avec la solennité factice de Lang Lang et d’autres fiers à bras.
Les quatre autres morceaux de Beethoven sont courts, non catalogués et pas vraiment remarquables. Le dernier, en si mineur, se termine en suspens, sans résolution. Je pense que nous pouvons en deviner le sens. Il est profondément émouvant.
Traduction : Andréanne Venne
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