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Jonathan Leibowitz : Eastern Reflections (Delphian)
Bartók a-t-il joué du klezmer ? Le compositeur hongrois admirait de nombreuses formes authentiques de musique folklorique et a passé ses étés à les traquer dans les Balkans, la péninsule ibérique et l’Afrique du Nord. Plus tard, exilé en Amérique en 1938, Bartók a composé Contrasts pour le clarinettiste juif de jazz Benny Goodman, qui l’a jouée sans inflexion ni sentimentalité, comme un vicaire de campagne quelque part en Virginie.
L’interprétation fait toute la différence. Leibowitz est un jeune Israélien jouant Bartók comme un cousin éloigné, plein d’expressions familières et de secrets de famille. Son interprétation de Contrasts est véritablement contrastée et donne aux airs folkloriques de Bartók une tournure hassidique, transformant la raideur du Carnegie Hall en une « Chassene Tanz » (type de danse de mariage). Ses partenaires dans cet acte de subversion sont le pianiste australien Joseph Havlat et la violoniste française Charlotte Saluste-Bridoux, formant un méli-mélo musical londonien qui a en quelque sorte survécu au Brexit. Quoi qu’il en soit, les contrastes n’auront plus jamais la même résonance.
Les autres morceaux de cet album captivant sont deux danses anciennes de György Ligeti, très chargées et érotiques, une sonate pour clarinette tout à fait magique de 1945 du Juif polonais Mieczysław Weinberg et une multitude de courtes pièces de Witold Lutosławski et de Dmitri Chostakovitch. Quelqu’un s’est amusé à assembler ce programme. Vous aurez encore plus de plaisir à danser sur cette musique.
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