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Les journalistes ne choisissent pas toujours très bien les titres de leurs articles, sachant que, dans quelques jours, leur nouvelle ne sera plus d’actualité. Les artistes, eux, ne peuvent se permettre la même insouciance avec les titres de leurs œuvres.
La présentation dans ce cas-ci ne reflète pas le contenu. Je vous le dis pour vous éviter d’aller harceler un pauvre marchand de disques en réclamant qu’il vous rembourse.
Le Quatuor à cordes no 2 d’Erich Wolfgang Korngold et les Cinq pièces pour quatuor à cordes d’Erwin Schulhoff n’ont à peu près rien de yiddish. Les principales influences de Korngold étaient Strauss et Puccini. Schulholff, un protégé de Dvořák, a écrit des manifestes musicaux pour le Parti communiste. Tous deux sont issus de familles juives, mais il ne se dégage de ces compositions pas même un soupçon de yiddish ou de « yiddishkeit », en langue vernaculaire. Je crois même que les deux compositeurs auraient été scandalisés qu’on leur colle cette étiquette.
Le Quatuor no 2 de Korngold, écrit en 1933, a été créé par le Quatuor Rosé quelques jours avant que le compositeur mette les voiles vers sa nouvelle vie à Hollywood. L’œuvre est si légère qu’on pourrait la confondre avec de la musique de salon pour les amateurs de « classipop ». Schulhoff, au contraire, est sérieux au point qu’on l’imagine pratiquement froncer les sourcils en composant. Il aime cependant les rythmes de valse et le Quatuor de Jérusalem les porte avec entrain. Morbide à l’excès, cela rappelle La Valse de Ravel, à cela près qu’on n’a pas envie de rire.
Le yiddish fait son apparition dans la dernière partie : six lieder pour soprano et quatuor à cordes commandés à Leonid Desyatnikov et chantés avec un enthousiasme à peine contenu par la soprano d’opéra israélienne Hila Baggio – c’est qu’on ne reçoit pas une invitation à chanter en yiddish tous les jours. Les chansons sont tirées des cabarets de Varsovie et de Lodz de l’entre-deux-guerres et parlent de pauvreté, de prostitution et d’arnaques professionnelles… des sujets enjoués. J’en prendrais bien encore si l’éclatante Baggio acceptait d’en chanter d’autres.
Traduction : Andréanne Venne
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