Gustav Mahler : Deuxième Symphonie « Résurrection » (Pentatone)

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Si vous voulez savoir pourquoi les disques n’ont plus la cote, ne cherchez pas plus loin que les petits caractères au dos du livret. La présente interprétation a été enregistrée en novembre-décembre 2018 à la salle Dvořák de Prague. Près de cinq ans se sont écoulés avant que nous puissions l’entendre. Et alors que les premiers exemplaires ont été envoyés il y a trois mois, ils ont été instantanément retirés en raison d’un « défaut de fabrication », apparemment dans une usine de pressage allemande. Le temps ne veut-il rien dire pour les maisons de disques ?

Qu’à cela ne tienne, tout est pardonné à l’écoute du disque, qui place la barre encore plus haut dans le cycle Mahler de l’Orchestre philharmonique tchèque et de son ex-chef d’orchestre russe Semyon Bychkov. Les Tchèques ont des références uniques en ce qui concerne Mahler, à la fois en tant qu’orchestre de la patrie du compositeur et parce que les solistes des cuivres et des vents pour lesquels il écrivait à Vienne étaient souvent de la même origine. Mahler a insisté (dans une lettre à Leoš Janáček) sur le fait qu’il ne parlait pas le tchèque. Mais à parfois sa musique le parle − très fort − et cet orchestre parle son idiome mieux que n’importe quel autre. Ses solistes auraient dû être nommés dans les notes de pochette pour qu’on puisse leur attribuer leur mérite… encore un oubli de la maison de disques.

Les partitions de Mahler que j’ai étudiées dans les archives de l’Orchestre philharmonique tchèque portent les marques d’interprètes légendaires − Mahler lui-même, Zemlinsky, Bruno Walter, Vaclav Talich, Rafael Kubelik. Chacun apporte sa propre perspective et celle de Bychkov n’est pas moins précieuse que celle de ses prédécesseurs. Bychkov aborde les premiers mouvements avec un « moderato » plutôt délibéré qui s’avère trompeur lorsqu’on réalise à quel point la tension est construite de manière microscopique sur une durée d’une heure, jusqu’à ce que la catharsis du chœur de la « Résurrection » amène une renaissance organique.

Les solistes, Elisabeth Kulman et Christiane Karg, sont la sérénité incarnée et le Chœur philharmonique de Prague scintille comme un lac en pleine forêt à l’aube. J’inscris sans réserve cette interprétation dans les plus grandes « Résurrections » enregistrées, aux côtés d’Oskar Fried, de Klemperer, de Bernstein, de Tennstedt, d’Abbado et d’Ivan et Adam Fischer. Un chef-d’œuvre monumental, miraculeusement ramené à la vie.

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A propos de l'auteur

Norman Lebrecht is a prolific writer on music and cultural affairs. His blog, Slipped Disc, is one of the most popular sites for cultural news. He presents The Lebrecht Interview on BBC Radio 3 and is a contributor to several publications, including the Wall Street Journal and The Standpoint. Visit every Friday for his weekly CD review // Norman Lebrecht est un rédacteur prolifique couvrant les événements musicaux et Slipped Disc, est un des plus populaires sites de nouvelles culturelles. Il anime The Lebrecht Interview sur la BBC Radio 3 et collabore à plusieurs publications, dont The Wall Street Journal et The Standpoint. Vous pouvez lire ses critiques de disques chaque vendredi.

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