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La seule chose qui m’empêche de décerner cinq étoiles à cet album, c’est qu’il est à l’envers. Il débute par une performance tout à fait décente du Concerto pour violon no 1 de Béla Bartók par la virtuose norvégienne Vilde Frang, avec l’Orchestre philharmonique de Radio France dirigé par Mikko Franck. Frang, qui a 32 ans, se produit depuis l’âge de dix ans. Tout ce qu’elle fait est parfaitement charmant et agréable. Le premier concerto de Bartok, œuvre de jeunesse, effusion d’amour innocent, ne va pas changer nos vies.
L’Octuor, lui, pourrait. Georges Enesco était l’un des plus grands violonistes de tous les temps, un pédagogue brillant qui imprégnait ses élèves de belles valeurs humaines et musicales. L’Octuor à cordes, écrit à la même époque que la Verklärte Nacht de Schoenberg, est une conversation libre entre des amis très opiniâtres.
Frang est premier violon d’une section de quatre, Lawrence Power et Lily Francis sont à l’alto, Nicolas Altstaedt et Jan-Erik Gustafsson au violoncelle. Les mélodies roumaines sous-jacentes chez Enesco sont des cousines des pièces folkloriques de Bartók et la pièce se base sur des tensions créées lorsqu’une section décide de faire bande à part. C’est une querelle palpitante et Frang la mène avec l’autorité impartiale d’un parlementaire en chambre. Inconnu pour moi avant cet enregistrement, l’Octuor d’Enesco mérite d’être hissé au niveau de ceux de Schubert et de Mendelssohn. Je suis vraiment reconnaissant à Vilde Frang de l’avoir porté jusqu’à nos oreilles. Je vous le conseille vivement.
Traduit par Benjamin Goron
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