L’UdeM accueille la première chaire consacrée à la recherche et à la création en opéra

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Montréal, 17 janvier 2022 – Depuis qu’Ana Sokolović s’est installée dans la métropole en 1992 pour terminer sa maîtrise en composition à l’Université de Montréal, on dirait qu’elle célèbre de grands moments à chaque décennie. En 2001, l’Orchestre symphonique de Montréal (OSM) lui commande une première œuvre qu’elle intitule Oro et qui est interprétée au théâtre Maisonneuve sous la direction de Charles Dutoit. En 2011-2012, la Société de musique contemporaine du Québec lui consacre sa troisième série Hommage. À cette occasion, 200 concerts et activités sont consacrés partout au Canada à la quarantaine d’œuvres que compte déjà son catalogue. Cette année, la compositrice originaire de Serbie obtient la Chaire de recherche du Canada en recherche et création en opéra. «Notre bonheur à l’UdeM, c’est d’accueillir la première chaire en recherche et création parce que, d’habitude, les chaires sont uniquement en recherche», précise la professeure de composition, d’abord à titre d’invitée dès 2006-2007, puis à temps plein depuis 2011.

Un prolongement de l’enseignement

Ana Sokolović voit la Chaire comme un prolongement de son enseignement. «À travers mes cours, je me concentre sur les mêmes enjeux qui se présentent dans mon travail de compositrice. Les questions, les problèmes que je trouve, j’essaie de les inclure dans la formation pour que les étudiants et étudiantes se préparent de façon adéquate à la vie professionnelle. Parce que, vous savez, la musique – et surtout le monde de l’opéra – est par défaut un travail de collaboration.»

On pourrait également dire que la nouvelle chaire est la suite logique du cours de création d’opéra, qui existe depuis quelques années à l’UdeM et qui lui a permis d’établir des alliances avec d’autres facultés et des organismes à l’extérieur du campus. «Elles ont commencé par la collaboration avec l’École de danse contemporaine de Montréal. C’était, si je peux dire, l’étape la plus simple où la danse et la musique se rencontrent très naturellement.»

Cette première étape a mené à d’autres associations. «Par exemple, le cours sur la création d’opéra que je donne en ce moment me procure beaucoup de plaisir; c’est une formation sur deux ans parce que, durant la deuxième année, les produits de la première année seront présentés à l’Opéra de Montréal», dit-elle avant d’énumérer les gens engagés dans ce projet, qui consiste à faire de la recherche pour réinventer l’opéra dans un contexte pandémique: «Le professeur Olivier Asselin, du Département d’histoire de l’art et d’études cinématographiques, donne le cours avec moi, de même que la professeure de design Marie-Josèphe Vallée, de l’École de design de la Faculté de l’aménagement, les professeures d’écriture dramatique Diane Pavlovic et Andrea Romaldi, de l’École nationale de théâtre du Canada, et enfin la chorégraphe Sarah Bild, qui enseigne à l’École de danse contemporaine de Montréal.» Ensemble, ils essaient de construire des opéras pas filmés seulement de façon traditionnelle, mais d’une manière nouvelle avec la réalité virtuelle et la réalité augmentée. «On pourrait dire que c’est un commencement de la Chaire, mais c’est sûr que d’autres activités vont s’ajouter.»

L’opéra d’aujourd’hui

L’art fait partie de la vie d’Ana Sokolović depuis sa plus tendre enfance. Elle a étudié le ballet classique, suivi des cours de théâtre et de piano avant d’entreprendre des études universitaires en composition qu’elle termine à Montréal. Sa passion pour différentes formes d’expression artistique ressort dans son univers sonore, qui est aussi inspiré du folklore des Balkans et de ses rythmes colorés et festifs.

En discutant avec la compositrice, on prend conscience de l’importance qu’elle accorde à la transposition de l’opéra dans un contexte actuel. «À l’époque de l’opéra baroque, on travaillait avec le feu, les chandelles. Comme la technologie a changé, l’opéra a changé. Alors comment peut-on utiliser les technologies qu’on a et être convaincant, toujours pertinent et toucher le public? C’est le travail qui sera mené à la Chaire, c’est explorer et voir ce qu’est l’art total dans le monde d’aujourd’hui», affirme-t-elle en précisant que l’opéra est appelé de façon populaire «art total» parce qu’il implique plusieurs disciplines artistiques (chant, arts visuels, mise en scène, théâtre, costumes, etc.).

On l’écrivait plus haut, tous les 10 ans, un évènement marquant se produit dans la carrière d’Ana Sokolović. Elle considère l’attribution de la chaire de recherche-création en opéra comme le prolongement de son histoire d’amour avec le Québec, qui dure depuis 30 ans. Selon elle, pour qu’une telle histoire persiste, il doit y avoir des efforts des deux côtés et c’est exactement ce qui s’est passé dans son cas: «Dès mon arrivée, je me suis sentie très bien accueillie, car les Québécois ont un cœur incroyable. Parce que je me suis sentie libre et chez moi, je me suis intéressée à la culture et aux gens. Tout cela va ensemble et cette chaire est pour moi plus qu’une reconnaissance musicale, car dès ma première année j’ai été reconnue dans mon cercle de musique contemporaine. J’ai eu des commandes, je me suis fait des amis, des collègues. Cette chaire est plus large, puisqu’en plus du côté pédagogique il y a le partage de la recherche avec la société.»

Un agenda rempli

En plus d’enseigner à l’UdeM, Ana Sokolović est une compositrice accomplie qui a vu son répertoire joué partout dans le monde. C’est le cas de l’opéra Svadba, qui a été repris une centaine de fois. L’été dernier, le Boston Lyric Opera en a fait une version cinématographique, réalisée et chorégraphiée par Shura Barychnikov (la fille de Jessica Lange et Mikhaïl Barychnikov), qui sortira en début d’année sur la plateforme operabox.tv.

Et ce n’est pas tout! L’artiste qui a gagné des prix Juno pour ses œuvres Golden Slumbers Kiss Your Eyes (2019) et Evta (2020), en plus d’y être nommée deux fois en 2021 (pour la composition Commedia dell’arte et l’album Ana Sokolović: Short Stories, enregistré avec le Quatuor Bozzini), poursuit une résidence de trois ans à l’OSM et travaille sur The Old Fools, un nouvel opéra pour la Canadian Opera Company qui sera créé en 2022.

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