Comme vous le savez sans doute déjà, Réjean Poirier nous a quittés le 23 décembre dernier, à l’âge de 70 ans. Aujourd’hui, 12 janvier, les drapeaux sont en berne à l’Université de Montréal.
Important représentant de la musique ancienne au Québec et au Canada, Réjean Poirier, organiste et claveciniste né à Saint-Alphonse-Rodriguez en 1950, a fait ses études musicales aux Conservatoires de Montréal et de Toulouse auprès de Bernard Lagacé, Kenneth Gilbert et Xavier Darasse, avant de remporter quelques premiers prix des plus prestigieux. De retour à Montréal en 1973, il fondait l’année suivante, avec Christopher Jackson et Hélène Dugal, le Studio de musique ancienne de Montréal, dont il assuma la codirection musicale pendant près de quinze ans, tout en amorçant une belle carrière dans l’enseignement. En 1990, il mit sur pied l’ensemble Da Sonar et il a également cofondé deux sociétés de concerts d’orgue : la Société Pro Organo et les Concerts d’orgue de Montréal. Professeur émérite de l’Université de Montréal, entre autres institutions – on compte Geneviève Soly, Luc Beauséjour, Mylène Bélanger, Catherine Todorovski et Christophe Gauthier parmi ses élèves –, il y a occupé par la suite, de 1998 à 2006, les fonctions de doyen de la Faculté de musique.
M. Poirier a participé à de nombreux enregistrements discographiques, à l’orgue et au clavecin, en soliste et en ensemble. Il s’est produit au Canada, aux États-Unis et en Europe, s’est fait entendre sur les ondes de Radio-Canada et de plusieurs radios nationales, et il a travaillé avec les plus prestigieux musiciens, orchestres et ensembles de musique ancienne de par le monde. Il a également touché à la composition durant les années 1970.
Lorsqu’en 1974 trois amis organistes passionnés par les musiques de la Renaissance et du Baroque, Hélène Dugal, Réjean Poirier et Christopher Jackson fondent le Studio de musique ancienne de Montréal, ils inscrivent leur travail dans le grand mouvement du renouveau de l’interprétation des répertoires anciens qui avait pris son essor en Angleterre, en Allemagne, en Autriche et aux Pays-Bas dans les années 1960. Le SMAM visait à regrouper les interprètes québécois, instrumentistes et chanteurs, passionnés par le projet. Certains avaient étudié en Europe auprès des premiers défenseurs de l’« authenticité » et ramené dans leurs bagages ce nouvel idéal esthétique, à l’époque considéré comme d’avant-garde.
À l’origine, le SMAM comportait deux volets : l’un consacré à la musique instrumentale, dirigé par Réjean Poirier, et l’autre, dirigé par Christopher Jackson, au répertoire vocal. Les premières années, l’ensemble instrumental, à géométrie variable, et le chœur, qui comprenait aussi dans ses rangs les voix solistes, se produisaient en alternance ou unissaient leurs forces pour les grandes œuvres avec chœur et orchestre. Après le départ de M. Poirier en 1988, le SMAM devint un ensemble exclusivement vocal.
Réjean Poirier a laissé peu d’enregistrements discographiques en tant que soliste et le SMAM n’a pas beaucoup enregistré durant ses quinze premières années d’existence.
Tous ceux et celles qui l’ont côtoyé se souviendront de la sensibilité et de la gentillesse de Réjean Poirier, toujours généreux, réservé et d’une grande douceur, sans oublier son intelligence et son sens de l’humour… Nous tenons, au nom de tous les musiciens et musiciennes du monde « ancien » du Québec et du Canada, à le remercier du fond du cœur pour sa passion et son travail essentiel.
Pour plus de détails, vous pouvez consulter le site qui lui est consacré : rejeanpoirier.ca