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Le nouveau directeur artistique du théâtre Prospero Philippe Cyr maintient le cap sur la transgression. Et le concept lui réussit.
Comment la transgression peut-elle s’appliquer à la démarche d’un artiste, mais aussi à une institution théâtrale ? Et comment explorer le thème dans la relation avec les artistes et les spectateurs ?
Transgresser, c’est apprendre la liberté sans dépasser les limites, nous apprend le Prospero. « Cette quête est un prétexte à la refonte de nos façons de procéder et d’envisager les différents enjeux de l’institution comme la programmation, les communications et le budget, elle est sous-jacente à nos réflexions sans être une obsession. »
Philippe Cyr souhaite préserver le filon de la dramaturgie internationale, chère à la maison de la rue Ontario, mais changer la conversation, l’ouvrir aux écritures contemporaines éclatées. Présenter, dans une même saison, des productions dont les écritures et les esthétiques s’entrechoquent, tout en y trouvant un dénominateur commun, l’intéresse. « Je voulais monter un texte de Viripaev et Insoutenables longues étreintes était un vrai défi de mise en scène; mais un théâtre doit aussi amener des sujets complexes au public – comme dans Homicide, la démarche de Nini Bélanger. »
Radical et populaire
Les deux mots, compatibles, animent toutes les actions de la nouvelle direction du Prospero. Faire du théâtre est devenu un acte de résistance et, avec des places à 25 $, la nouvelle grille tarifaire du théâtre ouvre les portes à un plus large public. « Nous pouvons proposer des œuvres exigeantes, champ gauche, mais il demeure qu’elles doivent être accessibles au plus grand nombre ».
Le théâtre et ses installations permettent à des artistes de toutes générations de questionner leur pratique – l’institution doit être socialement rentable. « L’École de la transgression, qui vient de lancer sa deuxième édition et qui invite des artistes à vérifier leurs intuitions dans des petits laboratoires intensifs, découle de cette idée. »
Les artisans du théâtre investissent énormément – financièrement, matériellement et humainement – dans des productions qui ne sont parfois montrées que deux semaines. « C’est participer à la décroissance que de programmer ne serait-ce qu’une reprise par saison et la reprise d’Insoutenables longues étreintes, d’Ivan Viripaev, est programmée pour décembre. »
Le théâtre québécois vit un moment unique : « Une génération de cinq directeurs artistiques succède avec fougue aux fondateurs, il reste beaucoup de terrain à défricher pour offrir au public québecois une vraie diversité des pratiques. »
Insoutenables longues étreintes, d’Ivan Viripaev, est repris dans une mise en scène de Philippe Cyr.
Théâtre Prospero, 5-16 décembre.
www.theatreprospero.com
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