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Né à l’aube des années 1980, Alexandre Fecteau grandit dans la peur du VIH/sida, notant avec inquiétude les nouvelles du virus, abondamment rapportées dans les médias. Aussi, la lecture du roman de Jonas Gardell N’essuie jamais de larmes sans gants (2016) dont l’action est campée en Suède, au début de l’épidémie du VIH/sida, interpelle-t-elle l’homme, devenu un metteur en scène reconnu. « J’ai su que c’était la bonne matière pour aborder le sujet et j’en ai parlé à Anne-Marie Olivier, alors directrice artistique du théâtre Le Trident ». L’autrice et comédienne Véronique Côté a rejoint l’équipe, adaptant la traduction de l’ouvrage de 588 pages.
Le Concerto pour violon en mi mineur, opus 64 de Mendelssohn, long de 36 minutes, est partagé en 52 entrées, au fil de la proposition théâtrale. La pianiste Marie Bernard, qui travaille avec le metteur en scène pour la deuxième fois, s’est jointe au projet avant les répétitions, pour mieux décider des sections et pour que le tempo soit plus organique. « La narration rencontre le violon, sa tonalité rejoint parfois la voix humaine et c’est très bien. »
Romantique
Alexandre Fecteau a convoqué quatre interprètes qui exécutent le concerto de Mendelssohn, sous la direction de Marie Bernard. Ingrédient puissant du spectacle, la musique travaille le spectateur de l’intérieur, berce l’action même si elle n’a pas encore basculé. « Le concerto amène le tragique, il soulève la salle et l’emmène ailleurs – ce parti pris romantique correspond à mon appréciation du roman. »
Coutumier du théâtre documentaire, Alexandre Fecteau choisit cette fois une fiction bien documentée. Le titre N’essuie jamais de larmes sans gants renvoie aux premières heures de l’épidémie du virus – celles qui ont vu de nombreuses institutions prêcher par peur, ignorance ou mépris, au nom de la santé publique et de la prudence. La brève avancée des droits lgbt (fin des années 1970/début 1980) a pris fin avec l’irruption du virus du VIH/sida, qui donnait prise à la stigmatisation, la haine et le recul de ces gains difficilement acquis. « Il est important de le rappeler, car le spectacle parle de la façon dont les minorités sont traitées. »
N’est-il pas curieux de présenter comme romantique cette époque douloureuse ? « L’accent romantique est mis sur la communauté elle-même – l’épidémie du VIH/sida a donné naissance à une multitude d’organismes qui ont structuré la communauté gaie, il n’y a surtout pas de nostalgie. »
Avertissement : le spectacle de 3 h 30 avec entracte contient des scènes de nudité et de sexualité (pour 16 ans +).
N’essuie jamais de larmes sans gants, la tragédie mise en scène par Alexandre Fecteau et magnifiée par le Concerto pour violon de Mendelssohn, chez Duceppe, du 6 au17 décembre.
www.duceppe.com
Playlist
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