L’Édifice Wilder Espace Danse, sis en face du cinéma Impérial, est la nouvelle maison de la danse québécoise. L’édifice de la rue Bleury abrite les studios des Grands Ballets Canadiens, Tangente et l’Agora de la danse ainsi que l’École de danse contemporaine de Montréal et compte pas moins de quatorze studios de danse, dont quatre sont équipés pour la diffusion. L’architecte Michel Lapointe parle de sa réalisation. Entrevue.
C’est le consortium d’architectes Lapointe Magne + Aedifica qui a signé les plans et la réalisation de l’édifice, certifié par le programme de certification pour le design, la construction et l’opération des bâtiments durables à haute performance LEED. L’architecte Michel Lapointe, à qui on doit les réalisations de l’Institut de tourisme et d’hôtellerie du Québec, de l’École nationale de cirque et du Centre Bell – pour ne citer que ceux-là –, excelle dans la revampe de vieux bâtiments : il a notamment pensé la construction du Musée McCord de l’histoire canadienne et celles de l’Ancienne-Douane de Pointe-à-Callière, du Bain-Lévesque et du Théâtre Espace Libre. Construit en 1918 selon les plans de l’architecte Charles R. Tetley, laissé à l’abandon, le Wilder représentait un défi de taille.
L’inspiration, pour l’ Édifice Wilder Espace Danse, est venue d’une observation que l’ancien directeur artistique des Grands, Gradimir Pankov, a faite à Michel Lapointe. L’architecte raconte : « Il ne voulait pas de verre, car il craignait que les danseurs soient gênés par le soleil dans leur travail. » Michel Lapointe pense alors à l’effet shōji, du nom de ces cloisons de papier transparent que l’on associe aux intérieurs japonais. Les murs de papier tamisent la lumière sans effet de contraste, le visiteur a l’impression d’évoluer dans une grande lanterne toute douce. L’architecte montréalais explique : « J’ai choisi du verre diffusant pour son côté diaphane et j’ai profité de cette transparence pour faire des impressions de sérigraphie qui personnalisent les différents espaces : zébré de vert ici, blanc ailleurs. »
« L’Édifice Wilder Espace Danse est un œuf translucide, la lumière inonde l’intérieur du bâtiment sans déranger, le fait qu’il n’y ait pas besoin de rideaux donne une ambiance dépouillée très agréable et zen », souligne encore Michel Lapointe, qui a réussi à créer un tout harmonieux avec la trame limitative de l’ancienne structure, conservant la plus belle façade, côté Bleury. L’architecte a de plus eu la brillante idée de poser une chrysalide de verre sur le côté le plus massif de l’immeuble, face à la Place des Festivals, réglant simultanément les problèmes d’isolation que posait l’antique maçonnerie. Résultat : le jour, c’est une mosaïque de verre et de briques; la nuit, la façade se transforme en un immense écran de projection.
L’Édifice Wilder Espace Danse est une insertion urbaine assez complexe, conclut Michel Lapointe, évoquant des contraintes difficiles à circonvenir, comme celle de la chambre annexe d’Hydro-Québec, qu’il a dû réinstaller. Puis, en bon joueur, il ajoute : « Mais ces difficultés donnent au résultat son caractère distinctif. »