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En poste depuis septembre 2022, Angela Konrad assume la double fonction de directrice artistique et générale de l’Usine C. La Montréalaise d’adoption maîtrise maintenant les rouages des systèmes qu’implique la dense programmation pluridisciplinaire de la maison de la rue Lalonde.
Angela Konrad dirige l’Usine C depuis le 1er septembre 2022. Photo: Angelo Barsetti
Angela Konrad souhaite accueillir des projets de grande envergure, présentant des défis techniques importants, et elle œuvre en intelligence avec des institutions européennes afin d’instaurer une nouvelle cohérence dans la programmation. « Le réseautage est important au niveau québécois, canadien et international pour conjuguer nos forces, car je veux travailler en continuité avec des artistes importants que je veux montrer plus d’une fois. »
De grands textes
En septembre, elle reprenait Tableau final de l’amour (FTA-2023), l’époustouflante adaptation du roman de Larry Tremblay sur la vie du peintre Francis Bacon. « La radicalité de la mise en scène s’est construite en un temps record avec les interprètes, mais elle est en adéquation avec ce que je perçois du contexte politique ambiant. » Angela Konrad retournera bientôt à Shakespeare (« où la poésie rejoint le politique »), mais pour l’instant, ce sont les répétitions des différents volets du très rock Vernon Subutex de Virginie Despentes qui l’occupent : « Sans grand texte, on ne fait rien. »
Ayant aussi étudié en littérature et en arts visuels, Angela Konrad accorde une importance capitale au choix des textes. « Comme dramaturge, je deviens l’auteure d’un langage scénique et j’essaye d’être fidèle aux textes que j’adapte, afin d’en saisir la pulsion, la beauté. » Un coup de cœur veut trouver sa réalisation rapidement et la machine de la production théâtrale oblige à faire des concessions difficiles dans le contexte financier actuel – il devient ardu de donner corps à ses désirs de création.
Le chaos
« Je travaille sur des textes d’opposition et de contraste qui amènent parfois aussi des collisions d’ambiances contraires, mais le chaos, qui intervient de manière brutale, n’est jamais gratuit – je le lis dans les textes et il traduit dans une autre géométrie un phénomène à observer, lui donnant une nouvelle perspective. »
Angela Konrad s’intéresse aux angles morts, à la part d’ombre de l’humain. S’il y a beaucoup de malheureux dans Vernon Subutex, on trouve aussi beaucoup de tendresse dans les descriptions colorées de la contre-culture parisienne décalée de Virginie Despentes. « Vernon Subutex répond à ce que je perçois dans le contemporain et à quelque chose de mon propre monde intime et sensible. »
Angela Konrad reprend Vernon Subutex 1 (prix de la Critique 2021-22) et adapte en première mondiale l’intégrale des trois volumes de l’immense succès de Virginie Despentes. Usine C, 30 avril–18 mai. www.usine-c.com
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