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En son année-anniversaire le fondateur de Justin Time Records Jim West affirme avoir vécu une belle aventure dans le monde de la musique. Avant même de se lancer en affaires en 1983, il avait déjà une dizaine d’années d’expérience comme disquaire.
Les 40 ans de Justin Time Records
Coup sur coup, Jim West crée sa maison Distributions Fusion III pour l’import de marques étrangères et, six mois plus tard, son étiquette-maison nommé d’après son fils. Nul n’a besoin de raconter de nouveau sa rencontre fortuite avec le pianiste Oliver Jones à l’époque où cet émule d’Oscar Peterson caressait les ivoires au resto-bar Biddles et de sa mise sous contrat comme premier artiste de l’étiquette ; d’une relation professionnelle, une amitié durable est née, laquelle tient toujours, même depuis la retraite de Jones — qui, notons-le, a marqué ses 89 ans le mois dernier.
S’il est banal, pour ne pas dire injuste de mettre le producteur sur la sellette en lui demandant de choisir ses titres préférés dans son catalogue dépassant les 500 titres, on peut toujours l’interroger sur des moments décisifs qui ont permis à l’entreprise de prendre ses ailes. « Outre Oliver, la production de l’album de Diana Krall a été un bon coup pour moi, affirme le producteur sans hésiter. David Murray a énormément contribué à ma visibilité, non seulement pour ses albums et ceux du World Saxophone Quartet, mais en me recommandant à des figures importantes de la musique noire qui m’ont donné bien des coups de cœur. Je dois ici une fière chandelle à D. D. Jackson, je produisais ses disques au moment où il était le pianiste du quartette de David. Il n’y a pas que des artistes à considérer ici, mais l’industrie elle-même, notamment le passage au numérique, le CD d’abord et les plateformes d’écoute qui dominent le marché actuel.
Pour ce qui est des technologies de l’enregistrement, l’engouement renouvelé pour les vinyles est un curieux développement, mais West ne s’en étonne pas trop. « J’ai toujours aimé ces plaques et j’en produis de nouveau, des artistes de renom, bluesmen et jazzmen, les ventes sont bonnes aussi. Pour un groupe inconnu ou de la relève, cela ne vaut pas le coup, je perdrais ma chemise. »
Le mois dernier, le bar Upstairs accordait cinq soirées aux poulains de l’étiquette, certains bien établis comme Christine Jensen et les frères Doxas, d’autres nouvellement arrivés, par exemple Simon Denizart et Lex French. Chose intéressante, West semble tracer la quadrature du cercle en misant sur des talents de chez nous. « On pourrait dire ça, mais la réalité. veut qu’on a plus les moyens de se payer les grosses productions des années 1990. Quelques-uns nous ont quitté, Paul Bley par exemple, Hamiet Bluiett aussi. »
Toujours motivé à poursuivre son travail, Jim West tient à ralentir son train d’activités afin de profiter de la vie autrement : « Je n’ai plus l’envie d’être sur appel jour et nuit, il y a d’autres choses à faire à mon bon plaisir et à mon rythme. »
Justin Time vient de publier une compilation, téléchargeable en ligne seulement à : www.justintime.com
Le huit et l’infini – Un homme et son ensemble
Il n’est pas rare pour des musiciens de se lancer dans un ultime projet au crépuscule de leurs jours. Si certains revisitent simplement leur passé avant que le rideau ne tombe pour de bon, d’autres s’investissent dans une nouvelle création. Tel semble être le cas pour le batteur Guy Thouin et son Ensemble infini, la plus ambitieuse formation de cet artiste sans concessions qui a mené une carrière dans les marges de la scène montréalaise.
En septembre 2022, Thouin revenait sur scène en participant à un spectacle extérieur impromptu tenu sous les auspices du Festival du nouveau cinéma de la période estivale. En mai de cette année, il foule les planches du FIMAV, à la tête de sa formation de douze jeunes acolytes. Pourtant, ce retour n’est pas le fruit de sa propre initiative, comme il explique au bout du fil. « J’avais cru que l’événement de l’an dernier était un “one off”, comme on dit. Puis, un jour, on m’arrive avec ce projet comme un fait accompli, rassemblant des participants à mes séances à domicile. »
Parmi ses complices, le bassiste et guitariste Rafael Foisy est un peu la bougie d´allumage du groupe qui prépare ses prochains coups. En juillet, l’ensemble avait décroché une résidence de cinq jours à la maison de la Culture Janine-Sutto (anciennement Frontenac) pour peaufiner le matériel existant et de tâter du nouveau, la direction musicale confiée à l’un des membres à titre d’orchestrateur. Désormais réduit à huit musiciens, l’ensemble se produira le 22 octobre à l’Église Saint-Pierre-Claver (angle Saint-Joseph et De-Lorimier). Dans la nouvelle année, l’ensemble se rendra en studio pour réaliser un disque et d’autres concerts sont aussi à prévoir. Histoire à suivre.
Interrogé sur sa perception du projet, Thouin, qui avait fait son deuil depuis des années de la scène, se dit un peu confondu par la chose, expliquant mal sa réserve. À 83 ans, il n’est plus de l’âge de se laisser transporter par des ardeurs de jeunesse, reconnaissant toutefois la motivation de ses complices. « On était un peu la découverte à Victo, affirme Thouin, parce qu’on jouait des thèmes avec des structures invitant à être développées plutôt que de s’adonner à improviser gratuitement ou de faire du bidouillage. Je n’en ai rien à foutre avec ça. J’ai besoin de matériel : même si ce sont des lignes mélodiques simples, elles donnent de la direction, où on a un début, un milieu et une fin. »
Information et billetterie pour le concert : www.lepointdevente.com
Également dans la section jazz ce mois-ci : Toronto à la carte – De cordes et d’autres
Playlist
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