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L’an dernier, il était question dans ces pages de la redécouverte du Quatuor du jazz libre du Québec. En février paraissait une entrevue accordée par Eric Fillion, historien et auteur de la première étude de fond sur cette première formation de free jazz. En juin, nous laissions entendre qu’un coffret anthologique de quatre compacts verrait enfin le jour vers la fin de la saison estivale.
Disons-le d’emblée : Le Quatuor de jazz libre du Québec – Musique-politique (Anthologie 1971-1974) est une copieuse dose de free jazz. « Surdose », diront certains, en raison de la durée totale de quatre heures et cinquante minutes étalées sur les quatre disques de cette production, mise en marché par la maison de disques de Tour de Bras à Rimouski. Pourtant, il n’y a pas que de la musique dans les seize plages, mais des interventions verbales de ses deux principaux protagonistes, le saxo ténor et flûtiste Jean Préfontaine et le trompettiste Yves Charbonneau, tous deux débitant leurs discours surannés de prolos révolutionnaires. Derrière eux, on entend un carrousel de bassistes et de batteurs qui se relaient, même quelques passeurs, le violoncelliste Tristan Honsinger étant le plus connu des figurants.
Le livret de 24 pages, tiré en format d’album vinyle, n’est toutefois pas contenu dans une boîte cartonnée, mais glissé dans une simple enveloppe de plastique. Outre des essais par Filion et le producteur Éric Normand, des documents provenant des archives du groupe donnent un certain cachet rétro au produit final, autant de preuves voulant que le free jazz soit devenu, à l’instar du bop, du cool ou du swing, une musique historique. On notera également une importante coquille dans la présentation, soit quatre plages inscrites dans le livret pour le troisième disque alors que celui-ci en contient une cinquième, soit l’avant-dernière. Celle-ci nous laisse entendre un saxo alto et soprano qui n’apparaît que sur ce morceau. Consulté à ce sujet, le producteur révèle l’identité du musicien mystère, soit Gaby Johnston, un jeune loup décédé accidentellement en 1977.
Le fil rouge traversant ces plages est tissé à même le free jazz originel, marqué comme il était par une urgence de jouer plutôt vite, assez fort et souvent vers l’extase. Cette généralisation vaut surtout pour les deux premiers disques, les deux suivants laissant entendre des espaces sonores moins touffus, sinon aussi parcimonieux que certaines musiques contemporaines dont Préfontaine se faisait le défenseur. L’improvisation libre court donc de bout en bout de cette anthologie, mais un thème se fait entendre dans la finale, soit L’Internationale, hymne socialiste par excellence qui clôturait les prestations du quartette. www.tourdebras.com
Disponible par téléchargement. Pour la copie physique, on contacte l’étiquette.
Épilogue
Guy Thouin, dernier membre fondateur du QJLQ de ce monde, a lancé deux compacts en décembre dernier. Le premier, de son duo heArt Ensemble avec le saxo Félix-Antoine Hamel, s’intitule From the Basement. Marilou Lyonnais-Archaumbault (harpe et électroniques) se joint à ces messieurs dans Oréade.
Pour écoute en ligne : smallscalemusic.bandcamp.com
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