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Enfant mal aimé de la musique noire américaine, le free jazz n’a jamais été rayé de la carte, et ce, en dépit de plusieurs morts annoncées. Un demi-siècle plus tard, Ornette Coleman, Cecil Taylor et Archie Shepp sont maintenant reconnus comme ses figures de proue, comme Derek Bailey, Peter Brötzmann et Evan Parker le sont pour la musique improvisée européenne. Au Québec, par contre, rien d’équivalent, ce qui ne veut pas dire que cette musique nous ait filé entre les doigts, bien au contraire.
À cet effet, l’article vedette de cette section en avril traitait de l’éclosion de cette musique iconoclaste dans notre cour. Il était question d’un premier ouvrage sur le sujet intitulé JAZZ LIBRE et la révolution québécoise Musique-action 1967-1975. Son auteur, l’historien Eric Fillion, raconte le périple mouvementé du premier groupe voué à cette musique dans la métropole. En dépit d’avoir défrayé la chronique à ses débuts, le Quatuor de jazz libre du Québec (QJLQ) sombra dans l’oubli, ses desseins sociaux et artistiques repris autrement par l’arrivée d’un autre oiseau singulier, la musique actuelle (voir critique d’un livre récent à ce sujet ailleurs dans nos pages). Pour la postérité, un seul disque éponyme témoigne de son passage. du moins jusqu’en 2012 avec la parution d’une séance inédite sur Tenzier, OSBL gérée par Fillion.
Sous peu, le QJLQ triple sa discographie par la sortie d’un coffret de quatre compacts regroupant des séances inédites. Intitulée Jazz libre du Québec : musique politique, cette production nous plonge dans la seconde tranche de son histoire, soit de 1971 à 1974. Jean Préfontaine (saxo) est particulièrement présent dans ces séances, le trompettiste Yves Charbonneau relégué quelque peu au second plan, les rythmiciens variant constamment et des invités de circonstance. Le boîtier (de format vinyle !) contiendra aussi un livret de 20 pages, agrémenté d’une préface du producteur Éric Normand, directeur de l’étiquette rimouskoise Tour de Bras, un essai de Fillion et beaucoup de documents iconographiques inédits. Pourtant, ce n’est que la pointe de l’iceberg, car les archives sonores du groupe totalisent une centaine d’heures, lesquelles devront être numérisées pour écoute en ligne sur un site dédié au groupe (voir ci-dessous). Le tirage, nous annonce-t-on, sera limité à 300 exemplaires, mais le musique sera disponible pour achat sur Bandcamp.
Information en ligne
www.jazzlibreduquebec.com (site web entièrement consacré au groupe)
www.tourdebras.comDans la cadre du festival Suoni per il Popolo
Samedi 16 juin, 13 h
« Jouez libre ! » Entretien public avec Eric Fillion et John Gilmore (auteur de l’Histoire du Jazz à Montréal)
Mardi 19, juin 20 h
Soirée hommage au QJLQ, animée par Guy Thouin (dernier membre fondateur du groupe) N.B. : 35 copies du coffret seront en vente.
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