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En complément de l’article paru dans le numéro précédent, voici trois exemples discographiques qui jettent un éclairage supplémentaire sur les termes susdits.
Effendi Jazz Lab / Quintessence — Effendi FND 152
Si le jazz « moderne » se veut une musique informée par sa propre histoire, cette nouvelle parution de l’étiquette Effendi en est une belle illustration. Pour le septième album de cet octette, le pianiste Félix Stüssi signe les neuf morceaux, trois d’entre eux étant repris de ses albums antérieurs. Résonant autant aux consonances du jazz que du blues, sa musique propose une certaine ouverture dans la forme, les structures incluant des intermèdes improvisés en solo, duos ou trios. Hormis le saxo baryton Samuel Blais, Alex Francœur (s.t.), Mario Lessard (s.a.), Jacques Kuba Séguin (trp.) et Thomas-Morelli Bernard (trb.) en sont à leur première présence dans l’écurie d’Alain Bédard, bassiste qui assure l’assise du groupe avec le batteur Louis-Vincent Hamel. Stüssi donne le ton, mais fait preuve de démocratie dans son entreprise en accordant au moins deux solos à chacun des membres.
Parangon du jazz moderne, le saxo ténor Joe Lovano s’est déjà laissé tenter par des aventures plus contemporaines (deux disques avec Gunther Schuller et une séance inédite d’impros libres avec son confrère britannique Evan Parker). Résolument contemporaine, la pianiste Marilyn Crispell a longtemps été qualifiée d’émule de Cecil Taylor avant de freiner graduellement ses ardeurs après son entrée chez ECM en 1997. Le présent album est l’aboutissement de rencontres antérieures entre la pianiste et le saxo, rejoints par un percussionniste ami de Lovano, Carmen Castaldi. En 48 minutes, le trio parcourt onze pièces de Lovano, certaines réduites à l’état d’esquisses, d’autres improvisées. Le ton est introspectif, si bien qu’on aurait pu le sous-titrer « 11 méditations pour trio ». Les quatre dernières plages remuent un peu plus, mais nous laissent pourtant sur notre faim. Fort heureusement, cette triade tournera beaucoup au cours de l’année; compte tenu du niveau musical élevé des joueurs, on peut miser sur le fait qu’ils porteront la musique plus loin encore.
Quinsin Nachoff’s Flux / Path of Totality – Whirlwind Records WR4745
Natif de Toronto mais vivant à New York, Quinsin Nachoff a toutes les allures d’un jazzman de notre temps, jouant avec aplomb les saxos ténor et soprano. Instrumentiste aguerri, il est aussi un solide compositeur, auteur de plusieurs œuvres de chambre, comme un concerto pour violon créé chez nous en novembre dernier avec l’ex-Québécoise Nathalie Bonin en soliste. Le présent recueil double nous présente Nachoff dans un jazz tout à fait contemporain accompagné de pointures américaines comme Dave Binney (sax alto) et Matt Mitchell (claviers). À l’inverse du trio ECM, la musique de cet album se déploie sur de longues durées, les six plages totalisant 80 minutes. Les notes de présentation évoquent des influences aussi diverses que Sun Ra, Cage, la musique balinaise et les technologies d’information. Très ouverte, la musique brouille souvent les lignes entre les parties écrites et improvisées, chaque disque se terminant sur une improvisation sans conclusion réelle. On salue l’idée d’avoir divisé le programme en tranches de 45 et 35 minutes respectivement.
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