Festivals 2023 en coulisse

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De Marciac à Montréal

À l’occasion de son quarantième anniversaire en 2019, le Festival international de jazz de Montréal (FIJM) tournait la page avec la retraite de son directeur artistique et fondateur, André Ménard. Trois ans plus tard, c’était le départ de l’un de ses associés à la programmation. Un nouveau chapitre s’amorçait donc en 2022 avec la promotion de Maurin Auxémery au premier rang de cette fonction.

Rencontré récemment, ce Français ne se voit pas comme un directeur artistique, titre honorifique accordé à son prédécesseur, ni comme principal responsable, mais comme membre d’une équipe travaillant sur un pied d’égalité. Étant dans la boîte depuis 2013, il a eu tout le temps de connaître les rouages de la machine pour en prendre la barre.

Natif du Gers dans la région Midi-Pyrénées, Auxémery a grandi dans un terroir fertile pour le jazz. En effet, c’est là où se situe l’un des plus gros événements musicaux de l’Hexagone, voire du continent, le festival de Marciac.

Qui dit Marciac dit Wynton Marsalis, qui en a fait sa seconde résidence d’été. Auxémery en sait quelque chose aussi. « Grand amateur de jazz, mon père fréquentait le festival et Wynton est devenu un ami de la famille. On l’a invité souvent chez nous et il composait même sur notre piano à domicile. Je reste en contact avec lui depuis, même après m’être installé ici à Montréal. »

Avant son arrivée dans nos terres, Maurin avait d’abord prêté ses services à titre bénévole pour quelques éditions du festival de Marciac pour ensuite être engagé par le service de presse comme interprète. L’année suivante, en 2006, il part à l’aventure, franchit l’Atlantique, se retrouve au Québec et tombe sous son charme. Il tend la perche au FIJM – de manière un peu maladroite de son aveu – avant de recevoir une offre d’emploi d’Alain Bédard, patron de la maison de disques Effendi. Suit alors une période où il vole de ses propres ailes en devenant agent de clients québécois, s’occupant en outre de l’organisation de tournées d’artistes internationaux.

N’ayant jamais abandonné l’idée de se joindre à l’équipe Spectra, productrice du festival, Auxémery rencontre entre deux spectacles aux Francofolies une des programmatrices qui se souvenait de sa proposition et le convoque à une entrevue. Chose dite, chose faite, il réalise son vœu en 2013, l’histoire suivant donc son cours jusqu’à sa promotion récente.

Désormais aux commandes, Auxémery a déjà commencé à poser sa signature sur le festival, quoique subtilement. L’an dernier, il a introduit deux séries de concerts gratuits en salle, lesquels permettent au public de partir à la découverte de groupes émergents ou méritant une plus grande attention. Cette première tentative s’est soldée par un franc succès, les salles étant combles, le public plus qu’enthousiaste. Parmi les groupes les plus salués, signalons le collectif Irreversible Entanglements et la poétesse afro-américaine Moor Mother, dont tout le monde parle de nos jours dans les milieux branchés. Et pour cette année ? Auxémery émet quelques noms : Endea Owens, contrebassiste, Sam Gendel, saxo et polyinstrumentiste, Naïssim Djalal, flûtiste. À vous maintenant de découvrir.

Festival international de jazz de Montréal : 29 juin au 8 juillet.

Programmation : www.montrealjazzfest.com/fr-CA

De Toronto à Markham

Parmi les nombreuses banlieues de la métropole ontarienne, Unionville est le théâtre du TD Markham Jazz Festival. Cet événement de trois jours, se déroulant à la mi-août, n’a certes pas les ambitions et les moyens de son « rival », le TD Toronto Jazz Festival de la fin-juin, mais il se veut très convivial : si convivial même que tous les spectacles se déroulent en plein air, la plupart répartis entre deux estrades érigées sur sa rue principale et une troisième plus intime aménagée sur la terrasse d’un centre culturel avoisinant.

Après sa 25e édition en 2022, l’événement a passé le bâton à un nouveau directeur artistique l’automne dernier en la personne d’Ernesto Cervini. Batteur et chef d’orchestre, ce fils de la Ville Reine gère également sa maison de disques ainsi qu’une agence de publicité avec laquelle il fait la promotion d’un éventail d’artistes de jazz canadiens et leurs disques.

Rejoint au bout du fil, Cervini se dit très heureux de sa nouvelle tâche. Pour y avoir déjà joué à plus d’une reprise, il n’arrivait pas en terre inconnue « Mon premier engagement remonte à 2003, se rappelle-t-il. Le groupe auquel je participais avait été pressenti pour un concours de recherche de talents et nous avons décroché le premier prix ! »

Compte tenu de sa taille et de ses moyens surtout, Markham mise sur une programmation provenant de la scène ontarienne avec quelques noms d’ailleurs. Parmi les noms, citons la chanteuse canadienne de l’heure Leila Biali avec le big band de Brian Barlow, le groupe Avataar, lauréat du plus récent prix Juno en jazz et, de notre métropole, le Bantü Salsa Band.

Sur le versant logistique, deux événements seulement sont présentés en soirée d’ouverture. Le samedi en revanche commence dès l’heure du midi pour se poursuivre jusqu’à 23 h. Notons en passant que les concerts sur les deux grandes estrades commencent en décalage d’une demi-heure ce jour-là ainsi que le dimanche qui repart à midi pour se terminer avec son spectacle de clôture à 18 h, un concert hommage au compositeur Phil Nimmons. (Voir article ici.)

Bien installé dans son nouvel emploi, Cervini n’a aucune intention de réinventer l’événement, mais compte travailler dans la continuité. Comme il dit s’entendre très bien avec le comité administratif, cela le motive à vouloir poursuivre le travail bien au-delà de cette première année.

TD Markham Jazz Festival: 18 au 20 août.

Programmation : www.markhamjazzfestival.com

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A propos de l'auteur

Marc Chénard is a Montreal-based multilingual music journalist specialized in jazz and improvised music. In a career now spanning some 30 years, he has published a wide array of articles and essays, mainly in Canada, some in the United States and several in Europe (France, Belgium, Germany and Austria). He has travelled extensively to cover major festivals in cities as varied as Vancouver and Chicago, Paris and Berlin, Vienna and Copenhagen. He has been the jazz editor and a special features writer for La Scena Musicale since 2002; currently, he also contributes to Point of Departure, an American online journal devoted to creative musics. / / Marc Chénard est un journaliste multilingue de métier de Montréal spécialisé en jazz et en musiques improvisées. En plus de 30 ans de carrière, ses reportages, critiques et essais ont été publiés principalement au Canada, parfois aux États-Unis mais également dans plusieurs pays européens (France, Belgique, Allemagne, Autriche). De plus, il a été invité à couvrir plusieurs festivals étrangers de renom, tant en Amérique (Vancouver, Chicago) que Outre-Atlantique (Paris, Berlin, Vienne et Copenhangue). Depuis 2012, il agit comme rédacteur atitré de la section jazz de La Scena Musicale; en 2013, il entame une collabortion auprès de la publication américaine Point of Departure, celle-ci dédiée aux musiques créatives de notre temps.

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