L’arbre qui cache la forêt
Éditions du CRAM, Montréal, 2017, 477 p.
S’il y a une personnalité du monde culturel québécois qui peut se passer de présentation, c’est bien Raôul Duguay. Qui ne connaît pas ce poète et chanteur un brin loufoque, jadis lié à l’expérience musicale inouïe de l’Infonie ? Musicien, il enfourche parfois un bugle, conférencier, il donne des entretiens sur des causes qui lui tiennent à cœur, artiste visuel, il s’adonne volontiers au pinceau. La métaphore qui sert de titre à cet ouvrage tout nouveau est certainement bien choisie. Lise Thériault, la plume derrière ce pavé, se garde de qualifier son livre de biographie, le voyant comme un portrait. Sur près de 300 pages, le récit ne déroge pourtant pas du genre, épousant de près une trame essentiellement chronologique, rompue par quelques retours en arrière. Par contre, le registre change dans le dernier quart en basculant dans une espèce d’anthologie composée d’écrits de Duguay et de témoignages de proches, tous cités in extenso. Ce choix éditorial d’ouvrir ainsi les guillemets devient lassant à la longue ; on constate du reste beaucoup de redites – inutile, par exemple, de nous rappeler constamment son âge, le dire une ou deux fois aurait suffi. En retranchant nombre de ces pages, on aurait pu certainement dresser en appendice une bibliographie et une discographie; chaque production de l’artiste est traitée en détail dans le corps du texte, mais la présentation oblige le lecteur à fouiller longuement les pages pour en retrouver une en particulier. En contrepartie, on trouve une bonne sélection de photos regroupées au centre du livre.